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Le Dictateur de Charles Chaplin
Avec : Charles Chaplin, Jack Oakie, Paulette Goddard, Billy Gilbert, Reginald Gardiner
Quand Charlot rencontre Hitler.

On raconte qu’Hitler copia la moustache de Charlot dans le Vagabond. Juste retour des choses, Charlie Chaplin décida de se venger et de démonter la métaphysique du régime nazi dans ce qui reste l’un des films les plus prophétique de l’histoire. Tout la problématique du Dictateur tient dans cette opposition, comment figurer sur le même corps ces deux personnalités que tout oppose, le timide clochard humaniste et le sanguinaire homme politique adepte des pires diatribes verbales.

Charles Chaplin jouera donc les deux rôles principaux du film. Tout d’abord, celui d’un petit barbier juif, amnésique et ressemblant au dictateur, occupé à résister plus à fuir les persécutions; ensuite celui de Adenoid Hynkel, le tyran de Tomania qui en épatant son ami de Bacteria Napaloni, entend conquérir la planète à commencer par la voisine Osterlich…

On pourrait croire que Chaplin jouerait la carte de la ressemblance entre les deux protagonistes, il n’en est rien. Le barbier et le dictateur renvoient plus dans le film à la figure historique dont ils s’inspirent qu’à eux-mêmes, ce que souligne le jeu sur la parole et les dialogues. Le Dictateur constitue le premier film, parlant avec dialogue réalisé par Chaplin, un passage difficile pour celui qui n’existait juste alors que par une silhouette. Ainsi les scènes du barbier, en particulier l’ouverture renvoient directement aux meilleurs Charlots. Quand à Hynkel, il subit le traitement peu enviable réservé déjà à la parole dans Les Lumières de la ville (cf Le film décrypté Juillet), parodié, massacré, réduit à l’état d’onomatopée et d’insultes. La composition est saisissante et c’est surtout la ressemblance (allure, gestuelle) entre l’acteur Chaplin et le dictateur Hitler qui interpelle, plus qu’une science innée du comique et du gag dévastatrice.

Le film se termine par l’aboutissement logique de ce qui précède, le remplacement du dictateur par le barbier mais à la surprise générale, c’est Chaplin qui prend les devants et se lance dans un discours à l’humanisme bienvenu et salutaire mais quelque peu maladroit et risqué. En accédant à la parole, Charlie Chaplin nous montre que l’art est un engagement, un risque. C’est en cela que Le Dictateur reste encore aujourd'hui un chef d’œuvre inégalable.
J.H.D. 

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