chroniques cinéma
Dark water de Hideo Nakata |
Avec : Hitomi Kuroki, Rio Kanno, Mirei Oguchi, Asami Mizukawa |
Histoires d’eaux Entre les films d’animation de Oshii ou de Rintaro et les films de Kyoshi Kurosawa ou Hideo Nakata, le cinéma fantastique s’est trouvé un nouveau terrain d’expérimentations où le réel mais aussi de grands mythes sont retravaillés avec originalité. Dark Water vient ainsi confirmer non seulement le talent du réalisateur de Ring mais consacrer la supériorité de tout un cinéma de genre nettement plus ambitieux que les productions américaines ou européennes. Yoshimi vient de divorcer. Elle se bat pour conserver la garde de la petite Ikuko et elle décide, dans cette optique, d’emmenager dans un appartement plus spacieux. La mère et la fille deviennent bientôt les témoins d’étranges phénomènes, l’apparition d’un cartable rouge et de mystérieuses traces d’eau repérées sur les plafond... Dark Water marque une évolution notable dans la filmographie de Hideo Nakata, une retour vers un fantastique plus ancré dans le réel. Le réalisateur délaisse le style suggestif de Ring pour une démonstration plus frontale, un dénouement à l‘efficacité redoutable, et une impression de panique rarement aussi bien rendue à l‘écran. Le film se construit aussi autour d’une dimension psychologique originale, un abandon qui se transmettrait comme une malédiction. Il manque pourtant quelque chose au film de Hideo Nakata, une pointe de folie, inhérente à tous les classiques du fantastique, notamment Inferno de Dario Argento auquel Dark Water emprunte de nombreux élèments. Chez le maître italien, la maison reste une pièce importante du dispositif, relais des pulsions criminelles et de l‘horreur comme dans la trilogie des Mères. De la séquence d’ouverture dans la cave innondée de l‘immeuble new yorkais au meurtre du personnage joué par Sacha Pitoef en passant par la visite de la bibliothèque romaine, Argento réalisait la symbiose parfaite entre horreur gothique et malaise urbain, l’alliance d’un réalisme brutal avec un certain lyrisme. Sans atteindre de tels sommets, Dark Water reste néanmoins un des films fantastiques les plus efficaces de ces dernières années. J.H.D.
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