chroniques cinéma
Pas si grave de Bernard Rapp |
Avec : Sami Bouajila, Jean-Michel Portal, Romain Duris, Léonor Varela, Pep Munne |
Pour sa troisième réalisation Bernard Rapp livre son œuvre la plus personnelle et
abandonne un certain côté grave pour faire sienne la devise des Monty Pythons : "Always
look at the bright side of life". Prenant la forme d'une fable sur la vie, Pas si
grave reste un film joyeux malgré les coups durs. Trois (faux) frères, Léo (Romain Duris), Max (Jean-Michel Portal) et Charlie (Sami Bouajila), ayant pour seul point commun de vivoter comme artistes à la petite semaine, se rendent au chevet de Pablo leur père adoptif (Alejandro Jodorowsky). Ancien résistant républicain lors de la guerre d'Espagne, il leur demande d'aller dans son pays natal pour accomplir une mission bien spéciale… Utilisant ce voyage-prétexte dans le passé de Pablo, les trois hommes accomplissent un périple initiatique où se mélangent et se croisent amour, rivalité et dette. Avec un titre comme Pas si grave, Bernard Rapp place d'entrée de jeu son film du côté du faussement sérieux, et prend le risque de pencher vers le complètement futile. Entre ces deux écueils, le réalisateur essaie tant bien que mal de garder le cap, et le plus remarquable étant qu'il y parvient le plus souvent. Malgré un début de film hésitant où les acteurs donnent l'impression d'ânonner et de surjouer, sitôt le décor gris de Liège abandonné pour le soleil de Valence, le film suit le même cheminement et prend de l'épaisseur. Rapp dresse alors une galerie de portraits très attachants, allant de l'ancien torero devenu propriétaire de café au commandant de caserne mélomane en passant par la belle et sauvage Angela (Leonor Varela déjà vue dans Blade II et le Tailleur de Panama) qui leur servira de guide. Au gré de ces rencontres, Max, Charlie et Léo se révèlent à eux-mêmes et aux autres tels qu'ils sont : pleins d'ambiguïté et profondément humains. Surtout, Rapp n'est jamais cynique et au contraire fait montre d'une sincère tendresse pour ces trois frères avec leurs défauts, leurs qualités et leurs différences. Et en dépit de scènes inutiles, Rapp se sert de son amour pour ses personnages pour dessiner les contours d'une œuvre enthousiasmante sur les affres de la comédie humaine, là où certains grossiraient les traits au point de flirter avec la caricature (notamment sur l'homosexualité de l'un des frères). Cette subtilité toute pudique dans la description des sentiments des héros de Pas si grave vient donner une unité et une profondeur insoupçonnées au film. Plus rien d 'autre n'a d'importance et surtout pas les vraies fausses-péripéties du film qui en fin de compte elles n'ont plus ne sont pas si graves. G.P.L.
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