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Wanda (reprise) de Barbara Loden
Avec : Barbara Loden, Michael Higgins, Dorothy Shupenes, Jérôme Thier
L’insaisissable

Seule réalisation de Barbara Loden, tourné avec un budget très limité, et bénéficiant d’une diffusion confidentielle, Wanda a tout du film maudit, du classique tombé prématurément dans l’oubli. Mais c’est sans compter sur l’obstination de certains cinéphiles et Isabelle Huppert en particulier, grâce à qui, nous pouvons une nouvelle fois (re)decouvrir ce singulier portrait de femme.

Avec Wanda, le cinéma américain tourne définitivement la page du glamour. Le film débute dans un étrange paysage minier, des montagnes de houille à perte de vue, une maison perdue au beau milieu de nulle part. A l’intérieur, plusieurs femmes s’affairent, toutes sauf une qui émerge à peine d’un canapé. A peine commencé, le film de Barbara Loden brouille les pistes…

Difficile en effet de caractériser Wanda tant le personnage échappe aux stéréotypes hollywoodiens. Wanda n’est ni une rebelle contestataire, ni une docile femme au foyer. Plutôt inapte à toute forme de vie sociale, elle tient plus du clochard comme son alter ego masculin Charlot. Déchue de la garde de ses enfants, elle erre solitaire et sans but à travers la Pennsylvanie jusqu’à sa rencontre avec Mr Denis, un truand avec lequel elle sympathise. Ensemble, ils décident de monter le hold up parfait.

Le récit prend alors une forme inattendue, un Bonnie & Clyde parodique au ton éminemment politique. Car si Wanda et Mr Denis sont pathétiques, Barbara Loden dresse le constat d’une société sans pitié envers les femmes comme en atteste le comportement du truand à l’égard de sa protégée qu’il méprise. Pourtant, et c’est la grande trouvaille du film, Wanda lui obéit sans broncher car dans ce monde désepérant de violence rentrée, une femme ne saurait se débrouiller toute seule.

Détachée du monde et de ses enjeux, Wanda se contente bêtement de vivre au jour le jour. Barbara Loden joue à merveille avec cet effet de distanciation qui atteint son paroxysme lors de la dernière scène. Attablée au mileu d’inconnus, Wanda nous adresse un dernier regard vide mais lourd de sens. Elle emporte avec elle ses secrets.
J.H.D. 

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