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Saltimbank de Jean-Claude Biette
Avec : Jeanne Balibar, Jean-Christophe Bouvet, Jean-Marc Barr, Micheline Presle, Marilyne Canto
Saltimbank est un film important à plusieurs égards. Tout d’abord, il s’agit du dernier film de Jean Claude Biette, cinéaste et ciritque décédé au début du mois de juin, juste après la présentation du film au festival de Cannes (Quinzaine des réalisateurs). Ensuite, Saltimbank tranche par son sujet, à une époque où le cinéma français traverse une crise majeure, faute de financement et d’engagement politique majeur.

Le titre du film résume assez bien ce douloureux constat. La Culture se heurte de plus en plus à une logique de chiffres et de rentabilité toujours plus implacable. Jean Claude Biette met ici en scène deux frères, dirigeants d’un important établiseement financier. Bruno l’aîné a pourtant renoncé aux affaires par amour pour l’Art. Il dirige un petit théâtre financé par l’entreprise familiale et espère monter prochainement Oncle Vania de Tcheckov et Esther de Racine. Malheureusement, son actrice principale le lâche. Il tente alors de convaincre sa nièce Vanessa de remonter sur les planches.

A partir de ce scénario tout simple, Jean Claude Biette construit un étrange film choral où chaque protagoniste, actrice, directeur, metteur en scène, financier, trafiquant éprouve son rapport à l’art. Chacun donne naissance à une petite histoire mais le cinéaste ne parvient pas à trouver une certaine cohérence sur la forme. Saltimbank manque ainsi cruellement de rythme mais Jean Claude Biette se ratrappe par sa faculté à observer le comortement de ses contemporains.Miroir de notre monde, le Saltimbank dresse le constat amer d’une société désenchantée où les personnages, en communiquant mal ou peu, donnent l’impression de jouer un rôle dans lequel ils sont condamnés à s’enfermer.

Deux personnages déjouent ce dispositif. Avec Vanessa, tout d’abord, Jean Claude Biette livre tout d’abord, un beau portrait de femme. La jeune femme flotte à travers le film, échappant à chaque tentative de l’enfermer dans un rôle bien défini. Mais, c’est à travers Bruno Saltim que Jean Claude Biette trouve un intéressant contre point. Plus que l’ambiguité des rapports entre art et argent, le cinéaste dénonce le conformisme de certains intellectuels enfermés dans une conception trop rigide de l’art. La décision finale de Bruno Saltim ne dit rien de plus, elle conjugue exigences artistiques et plaisir du public et érige l’art comme liant de notre société. Jusqu’au bout, Jean Claude Biette reste fidèle à ses idées.
C.A. 

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