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La Vie est un miracle de Emir Kusturica
Avec : Natasa Solak, Vesna Trivalic, Vuk Kostic, Aleksandar Bercek, Stribor Kusturica
1992 - Bosnie. Luka, un conducteur de trains sans histoires, Jadranka, sa femme cantatrice et Milos son fils footballeur attendent impatiemment l’arrivée dune nouvelle ligne de chemin de fer qui ouvrira leur campagne paisible sur le reste de la Yougoslavie. Malheureusement la guerre éclate : Milos est enrôlé par l’armée serbe et Jadranka dépressive senfuit du domicile conjugale avec un musicien. Resté seul dans sa maison qui sert accessoirement de gare, Luka reçoit l’ordre de garder Sabaha, une jeune prisonnière musulmane dont il tombe rapidement amoureux...

Emir Kusturica s’amuse une nouvelle fois à confronter la nature humaine à la guerre avec cette nouvelle œuvre singulière portée par une énergie magnifique. Le public habitué retrouve une nouvelle fois ce qui rend ce cinéma des balkans si vivant : personnages débonnaires portés sur la bouteille, loufoquerie poétique, animaux suicidaires, moyens de locomotion hors du commun. Emir Kusturica parvient ainsi à transfigurer le réel tout en embrassant le mouvement perpétuel de ces personnages confrontés aux misères de la condition humaine (guerre, jalousie…).

Malheureusement, la vie réelle ne correspond que trop peu à l’image idyllique fantasmée par Kusturica et la mise en scène se fait dès lors l’écho d’un discours politique particulièrement contestable. Le cinéaste se refuse ainsi à émettre tout jugement si bien que dans La Vie est un Miracle, tous les personnages apparaissent gentils, rêveurs, attachants.

Cette guerre qui à l’écran ne fait jamais de victimes fut pourtant particulièrement meurtrière et certains dirigeants de tout bord, en particulier des serbes doivent répondre de crimes contre l’humanité. Au fond Kusturica a le droit d’occulter cette dimension mais il ne peut pas renvoyer à travers l’utopie d’une communauté bosno-serbe enfin retrouvée la responsabilité des atrocités commises aux organisations internationales, ONU en tête. Cette complaisance délibérée finit par ternir l’image du film et de ce grand cinéaste.
J.H.D. 

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