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Goodbye, Dragon Inn de Tsai Ming-liang
Avec : Lee Kang-sheng, Tien Miao, Chen Shiang-chyi, Kiyonobu Mitamura, Shih Chun

Les Larmes du dragon

Au fond, ce film existe déjà, c’est celui de la mort lente et programmé d’un certain cinéma populaire. Il y a deux ans, La chatte à deux têtes exprimait déjà cette idée à travers la projection d’un film pornographique dans un vieux cinéma de quartier, évocation d’une époque révolue, de ses désirs refoulés et de ses excès ravageurs.

Le film de Tsai Ming-liang complète le dispositif du film de Jacques Nolot. Le cinéaste taiwanais construit un film en temps réel, pendant la projection d’un autre faisant de la salle de cinéma un décor unique. Plusieurs personnages s’y rencontrent, une caissière et un projectionniste désœuvrés, un touriste japonais, quelques vieux chinois tandis que se joue sur les écrans, le temps d’une dernière séance, Dragon Gate Inn chef d’œuvre de King Hu.

A partir d’un intrigue minimale, Tsai Ming-Liang compose un film complexe aussi beau que mélancolique. Chaque plan suggère la solitude des êtres et sonde leur incapacité à communiquer à partir de laquelle se noue une multitude de récits. Le cinéaste observe avec attention les spectateurs et leur comportement, fascination pour le film, drague (on repense à Nolot !), désœuvrement, et mélancolie. La caissière voudrait partager un gâteau avec le projectionniste qu’elle ne connaît pas vraiment mais ce dernier a déserté sa cabine, errant dans les dédales du cinéma. Elle part à sa recherche mais ne le trouve pas, offrant au film sa plus belle séquence : ouvrant une porte dérobée, elle apparaît juste à côté du film projeté, suggérant la continuité entre ce qui se joue sur l’écran et ce qui se joue dans la salle.

Cette continuité constitue l’enjeu majeur du film. Qui sont ces vieux messieurs assistant à la projection ? Ils se retrouvent à la fin de la projection, évoquent des souvenirs communs. Ce sont les acteurs du film projeté pour cette ultime séance. Ils sont passés de l’autre côté de l’écran et hantent désormais le réel. Condamné, ce cinéma populaire continue d’exister à travers ceux qui le font et ceux qui le regardent. En un mot, il ne meurt jamais.
J.H.D. 

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