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La Porte du Soleil de Yousry Nasrallah
Avec : Rim Turki, Orwa Nyrabeya, Hiam Abbass, Hala Omran

Face à l’Histoire

Festival de Cannes 2002. Intervention Divine crée la surprise. Au milieu des ruines et des check points, Elia Souleyman porte un regard lucide et désabusé sur le conflit israélo-palestinien. Plus que sa dimension politique, le film fait exister la Palestine et lui donne une réalité contemporaine.

La porte du Soleil constitue l’étape suivante dans la reconnaissance cinématographique de la Palestine. Sur près de quatre heures, cette grande fresque retrace l’histoire du peuple palestinien. Yousry Nasrallah adapte le roman éponyme de Elias Khoury et suit le destin de plusieurs personnages.

Beyrouth 1994. Le docteur Khalil veille Younes combattant de la première heure. Il s’était marié avec Nahila juste avant le premier conflit israélo-palestinien de 1948. Exilé, il passera toute sa vie entre le Liban et la Galilée où sa femme de retour vit clandestinement. La première partie d’ailleurs risque de heurter en raison de son parti pris politique. Yousry Nasrallah réduit au minimum la présence des israéliens. Invisibles, ils n’apparaissent que sous les traits de soldats brutaux, le temps d’une scène à proprement parlée scandaleuse où leur comportement évoque celui des nazis.

Cette scène polémique limite quelque peu la portée du film mais façonne en quelque sorte son identité. De même qu’il n’accorde aucune sympathie à l’état d’Israël, le film se garde bien de la moindre complaisance envers ses voisins arabes. En évoquant la conquête de 1948, La Porte du Soleil pointe surtout du doigt la lâcheté de ces états envers leurs frères palestiniens. Lucide, Yousry Nasrallah décrit longuement dans la seconde partie la longue déliquescence de l’autorité palestinienne, les luttes intestines et sanglantes qui minèrent l’OLP exilée au Liban. Il évoque aussi la condition de la femme à travers le meurtre sauvage d’une combattante trop émancipée pour les islamistes.

Au delà de la dimension politique inévitable, le film baigne dans une ambiance poétique de mille et une nuits, accentuée par la répétition de plusieurs motifs (primauté de la parole, grotte de Nahila et Younes…). Une certaine sensualité se dégage ainsi du film même dans la première partie. Elle cède la place à un ton plus sombre dans la seconde partie. Yousry Nasrallah montre avec beaucoup de subtilité comment l’exode conditionne l’identité palestinienne. La mise en scène parvient à recréer une sorte d’épopée sans céder à la mythologie guerrière d’une banale œuvre de propagande. Sans cesse sur la corde raide, tendue par son sujet difficile, Yousry Nasrallah s’en sort plutôt bien et signe une belle œuvre de cinéma pleine d’amour et de fureur.
J.H.D. 

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