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Un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet
Avec : Audrey Tautou, Gaspard Ulliel, Albert Dupontel, André Dussolier, Jodie Foster, Clovis Cornillac

Dans la marche du temps

La marche est la figure imposée du nouveau film de Jean-Pierre Jeunet. Dès les premières minutes et la longue marche vers la mort de cinq soldats condamnés pour l’exemple pour s’être volontairement mutilés, Un long dimanche de fiançailles impose son ton singulier : enchevêtrement des destins au sein d’un narration complexe, évocation sans fard de l’horreur guerrière et univers visuel original.

A l’autre bout de la France, Mathilde attend le retour de l’amour de sa vie Manech, enrôlé à dix huit ans dans l’armée française. Le jeune homme fait partie du groupe de condamnés, jetés en pâture entre les tranchées françaises et allemandes. Quand Mathilde apprend la nouvelle, elle refuse de croire à sa mort. Elle mènera sans relâche une enquête à travers la France de l’après guerre afin de connaître la vérité, ce que le regretté Sébastien Japrisot appelait dans son célèbre roman « ses fiançailles ». Audrey Tautou incarne sans génie Mathilde. Son jeu évoque encore trop Amélie Poulain mais il préserve l’essentiel, la détermination de son personnage. Elle insuffle au film son rythme soutenu, sans temps mort. Un long dimanche de fiançailles n’est rien d’autre que le récit de la longue marche de cette fille boiteuse vers la vérité.

Toute la force du film repose dès lors sur la mise en scène et à cet égard Jean-Pierre Jeunet confirme une nouvelle fois son talent. Il offre à chaque personnage la chance d’exister. Plus que des faire-valoir, ils existent réellement, portant chacun en eux un destin hors normes. Pas un plan non plus sans la moindre trouvaille visuelle ou un zeste d’humour. De purs instants poétiques traversent ainsi le film, comme autant de contre champs à l’horreur de la Grande Guerre, innombrables pertes militaires et civiles.

La violence surgit à tout moment, intense atroce et surtout cruelle. Elle rend les personnages plus fragiles et sublime l’amour de Mathilde et Manech, en particulier dans cette incroyable où le jeune soldat blessé écrit sur un tronc d’arbre abandonné sur un champ de bataille le nom de sa bien aimée au mépris du danger constitué par un avion de chasse allemand. Pas de doute possible, Jean-Pierre Jeunet signe enfin le grand film français populaire que nous attendions depuis longtemps.
J.H.D. 

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