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Café Lumière de Hou Hsiao Hsien
Avec : Yo Hitoto, Tadanobu Asano, Masato Hagiwara

Rencontre(s)

Difficile de présenter une œuvre aussi singulière que ce Café Lumière. Hou Hsiao Hsien s’est vu confié la réalisation d’un film hommage pour célébrer le centenaire de la naissance de Yasujiro Ozu. Cette commande, le grand cinéaste taiwanais la reprend vite à son compte pour un résultat des plus surprenants. Hou Hsiao Hsien est trop intelligent pour imiter le style du maître japonais ou pour réadapter ses films. Au contraire, Café Lumière emprunte une direction inattendue au croisement des époques, des films et surtout des cultures, taiwanaise et japonaise.

Le film orchestre ainsi la rencontre de Hou Hsiao Hsien avec le pays du soleil levant, un pays qui semble le fasciner – l’épilogue de Millenium Mambo s’y déroulait – Le cinéaste suit Yoko une jeune japonaise enceinte d’un taiwanais, bien décidée à élever seule cet enfant. Alors qu’elle s’apprête à annoncer sa décision à ses parents, elle prépare un documentaire sur Jiang Ewn-Ye, un compositeur taiwanais exilé au Japon aujourd’hui disparu…

Hou Hsiao Hsien compose un portrait aussi original que saisissant du Japon d’aujourd’hui. En de longs plans séquences, il capte la modernité de cette société urbaine. Ancrée dans le réel, sa caméra capte des gestes, des voix comme autant d’indications sur les êtres. Hou Hsiao Hsien n’a pas renoncé à la psychologie, il dépasse par le simple jeu de la mise en scène comme dans la séquence clé du film où le père de Yoko, muré dans son silence renonce définitivement à ses prérogatives.

Un tel comportement était impensable du temps de Ozu. Café Lumière met en scène plus que la rencontre d’un maître du plan fixe avec un esthète du plan séquence. Il s’agit aussi de la rencontre de deux époques, à travers se lit l’évolution de la société japonaise. Tout le film se construit alors en une succession d’allers retours, du Japon vers Taiwan, de la ville à la campagne, de Ozu vers Hou Hsiao Hsien. Moteurs de l’intrigue, les trains dessinent la carte de ce monde surprenant de cohérence. Ils caractérisent ceux qui les utilisent pour voyager. C’est la raison pour laquelle, Hagime, le confident de Yoko occupe son temps libre à enregistrer le bruit des rames. Comme Hou Hsiao Hsien son double, il traque dans la profusion du réel, une vérité absolue et poétique.
J.H.D. 

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