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A History of Violence de David Cronenberg
Avec : Viggo Mortensen, Maria Bello, Ed Harris, William Hurt, Ashton Holmes

Un héros américain

Sale temps pour les héros américains. Après les figures solitaires et désespérées de Sin City, David Cronenberg impose un personnage saisi par le doute, incapable de trouver ses marques dans la société.

Tom McKenna mène une vie tranquille à Milbrook, Indiana, entouré d’une charmante épouse avocate, Eddie et de ses deux enfants Jack et Sarah. Il possède un petit restaurant situé en centre ville. Tout bascule le soir où deux petits malfrats essayent de le braquer. Tom parvient à se saisir de leur arme et les abats froidement en état de légitime défense. Il devient alors un héros local dont l’histoire est relayée sur toutes les télévisions du pays. Mais quelques jours plus tard, l’inquiétant Jack Fogerthy débarque à Milbrook. Il affirme reconnaître en Tom, un dangereux gangster, ancienne figure du milieu à laquelle il vient demander des comptes.

Tom ne comprend évidemment pas ce que lui veut cet étrange visiteur. A History of violence épouse alors les conventions d’un suspens Hitchcockien dans la lignée de la Mort aux trousses où un homme ordinaire est confondu avec quelqu’un d’autres par des individus peu recommandables. Fausse piste, car alors que les menaces se précisent, Tom ne peut éviter la confrontation. Et le film de David Cronenberg de basculer dans le film noir avec ce héros qui ne peut échapper à son destin.

Ce héros qui est il vraiment ? Sans révéler l’intrigue, on peut affirmer que sa personnalité complexe sert une étude très réussie de la société américaine contemporaine. David Cronenberg se plaît à mettre à jour les failles de cette petite famille modèle. Jack, le fils de Tom, s’en prend ainsi violemment à deux camarades d’école.

La femme de Tom, Eddie change aussi radicalement. Leurs ébats donnent lieu à deux scènes saisissantes. Dans la première, Eddie déguisée en pom-pom girl aguiche Jack. Le couple s’était pourtant rencontre bien après l’université. Plus qu’un mythe, cette scène, comme d’ailleurs l’épilogue, traduit une volonté de s’inscrire à tout prix dans l’American Way of Life. David Cronenberg sait jouer des clichés pour leur donner un sens caché.

Plus tard, Tom et Eddie se disputent violement - elle doute de lui, ne le croit plus - avant de faire sauvagement l’amour dans les escaliers. Comme dans Crash, les personnages s’abandonnent à leurs pulsions. Surtout, le regard que Eddie porte sur Tom a changé. Elle accepte la possibilité qu’il soit quelqu’un d’autre et cela modifie son comportement. La violence du film n’est pas uniquement physique, elle est mentale. Il s’agit du poids de sentiments complexes que chaque personnage essaie de dissimuler.

David Cronenberg filme tout cela avec un réalisme saisissant. Sans aucun artifice, la mise en scène traduit parfaitement la brutalité de ces accès de violence. Dommage que le film s’égare avec un final peu maîtrisé et guère convaincant. Il s’achève néanmoins sur un plan saisissant, celui d’une petite famille désormais unie dans le secret et la violence.
J.H.D. 

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