chroniques cinéma
Sophie Scholl - Les derniers jours de Marc Rothemund |
Avec : Julia Jentsch, Fabian Hinrichs, Gerald Alexander Held, Johanna Gastdorf |
Rester libre Une nouvelle fois le cinéma allemand évoque la période sombre du IIIème Reich. La démarche n’est pas nouvelle en soi mais s’accompagne depuis quelques années d’une évolution, celle d’un pays qui cherche à s’affranchir du poids d’un passé écrasant. L’Allemagne contemporaine se cherche des héros : ce sont les femmes du beau Rosenstrasse ou le médecin SS de La Chute, image ambiguë puisque la figure de Hitler servait de repoussoir idéal. Dans le film de Olivier Hirschbiegel, elle isolait le peuple allemand, atténuait ses responsabilités et à la limite permettait de lui rendre hommage alors qu’il avait porté le parti nazi au pouvoir en toute connaissance de cause. Marc Rothemund évite ce piège en convoquant une figure célèbre de la résistance allemande, Sophie Scholl. Jeune infirmière, elle rejoint le groupe de la rose Blanche, une poignée d’étudiants protestants révoltés par les dérives du régime. Ils rédigent et distribuent des tracts afin d’alerter l’opinion, des bouts de papiers qui vont leur coûter la vie. Arrêtés à l’université de Munich, ils sont condamnés à mort puis exécutés dans la foulée. L’histoire est connue mais le film de Marc Rothemund se base sur de nouveau éléments, recueillis auprès des archives de l’ex-Allemagne de l’Est. Le cinéaste retrace ainsi scrupuleusement les derniers jours de la jeune femme, effaçant rapidement le peuple allemand, rangé derrière ses nouveaux maîtres : quand Sophie et son frère distribuent des tracts dans les couloirs d’une université déserte avant d’être arrêtés, transparaît la solitude de héros, seuls dans l’adversité. On pourrait reprocher au film certains personnages caricaturaux comme le juge hystérique ou ce gardien qui arbore la même mèche que Hitler. C’est oublier que Marc Rothemund ne fait que respecter des figures réelles ainsi que des déclarations pour la plupart consignées. Les interrogatoires sont ainsi véritablement passionnants parce qu’ils permettent de comprendre le courage de Sophie et mettent en lumière la sincérité de son engagement politique qui va de pair avec sa foi religieuse. Telle une sainte, elle finit par se détacher progressivement du film, rêvant d’une vie meilleure à travers les fenêtres de sa cellule. Le père Scholl voulait que ses enfants vivent libres même si c’est difficile et effectivement les convictions se paient chères à Munich en février 1942. Seule contre tous, Sophie Scholl garde sa foi inébranlable et son joli sourire, celui de ceux qui partent avec la satisfaction de leur mission accomplie. J.H.D.
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