chroniques littéraires
Confessions d'une radine de Catherine Cusset, Gallimard |
Confessions d’une radine : la radine, c’est Catherine Cusset, qui nous dévoile ici ce défaut honteux, généralement inavouable par le fautif. Mais elle, elle avoue. Et joliment elle annonce tout de go qu’au lieu d’être la fourmi, elle aurait préféré être la cigale. En précédant son récit par une citation proustienne sur le Bloch père, sorte de Picsou aussi attendrissant que pathétique, l’auteur introduit par là un certain humour qui ne la quittera plus. Car le livre est surtout drôle, depuis l’enfance et les vols de bonbons, en passant par les dilemmes et sueurs froides devant les additions de restaurants et en se terminant, avec panache, sur l’acte d’écriture. On lit d’une traite cette série d’anecdotes quasi orales, quelquefois amères, quelquefois empreintes des remords de la narratrice. Maintenant, on peut se demander où réside le véritable intérêt du livre. Après tout, les petits travers de Catherine Cusset ne relèverait que du simple autoportrait. Mais cette première impression s’avère vite erronée : « C’est une autofiction, mais pas un autoportrait. C’est moi vue à travers un prisme très particulier ». Le prisme très particulier, c’est peut-être son propre regard d’écrivain, habituée depuis sept romans à décrypter ou à inventer différentes personnalités, traits de caractères, qualités, tics et défauts de ses personnages. Cette fois-ci, c’est elle-même qu’elle analyse, sans trop de complaisance comme on aurait pu le craindre. Au contraire, ses combines mesquines pour payer moins, ses tendances kleptomanes, son obsession de la sécurité financière, bref sa radinerie insupportent vite. Et c’est là où Catherine Cusset donne envie de continuer à la lire : elle est terriblement attachante, malgré tous ses petits travers qu’elle justifie si bien. Les Confessions d’une radine sont donc séduisantes, non seulement à cause de leur auteur, mais aussi d’une écriture qu’elle-même dit « économe » mais qui donne, au contraire, beaucoup. Elle épargne aussi, sans mauvais jeu de mots, de nombreux inconvénients de l’autofiction : la redondance, la prétention, l’ennui surtout. On rit en lisant ces petits chapitres savoureux, ponctués généreusement d’alinéas et des paragraphes. C’est un récit qui coule de source, rapide et fluide. On l’oubliera peut-être vite, mais s’il reste, ce sera un bon souvenir. Editions Gallimard, 138 pages, 11 euros S.L.
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« Baudelaire dit que la peur d’être dupe caractérise le français.» Dans un pays où le rapport à l’argent demeure toujours un peu tabou, il faut un certain courage pour écrire ces confessions, l’aveu de Catherine Cusset d’un état d’esprit qui vire petit à petit à la pathologie. Petite déjà, ses parents s’amusaient à l’appeler la fourmi. Pourtant, la petite Catherine Cusset avait tout d’une pie. Elle volait dans les supermarchés et fouillait les poches de ses petits camarades. Le ton devient alors extrêmement narcissique et complaisant, une véritable honte, les moins bonnes pages du livre. Fort heureusement, Catherine Cusset ne se contente pas de raconter ses exploits, économie réalisée sur un cadeau, négociations avec les maisons d’éditions. Le livre induit une réflexion sur la liberté de l’auteur, une liberté fractionnée par son obsession, « une attitude de suspicion, de rétention, de calcul et de paranoïa, une diminution de l’être ». Avec ce livre décomplexé, souvent drôle et juste, Catherine Cusset s’offre une thérapie de luxe à moindre coût. On peut en revanche douter de son intérêt. Editions Gallimard, 138 pages, 11 euros J.H.D.
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