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Trainspotting de Irvine Welsh, Seuil (Points)
 
« Heroin, be the death of me, heroin, it’s my wife and it’s my life… ».

Renton a vingt-cinq ans. Il vit à Leith, quartier populaire d’Edimbourg. Renton se drogue à l’héroïne, et la chanson éponyme de Lou Reed semble le bercer (percer ?) jour après jour, dans une auto-destruction voulue mais cependant vaine. Car Renton s’en sort toujours. Intelligent, vif et surtout encore doté de profonds sentiments humains, Renton sort looser des entretiens quand il les veut perdants, vainqueurs des procès quand il les souhaite gagnants…

Renton n’est pas le seul héroïnomane de Leith. Il y aussi Spud, le pauvre Spud, aussi bête que gentil, Sick Boy, don juan prétentieux, Swanney, dealer manipulateur… Il y aussi ceux qui ne se droguent pas mais qui finiront par le faire, comme Tommy, éternel dépressif, ou Begbie, qui ne se droguera certainement jamais, mais alcoolique notoire et gratuitement violent. Ils se connaissent tous depuis l’enfance. Leurs liens, pourtant souvent dénués de la moindre complicité, deviennent malsains. Certains meurent, d’autres sont malades. Et puis il y a ceux qui sont encore et toujours là, parasites involontaires mais bien accrochés. C’est cela Trainspotting, noter les numéros des trains qui passent, les amis qui meurent ou qui se réveillent un jour infectés par le VIH.

Le roman, s’il est centré autour de Renton, est hallucinant par le nombre de personnes qui s’y dévoilent, par un troisième œil celeste (Welsh) ou par eux même. Les narrations se mélangent avec dynamisme. Car Trainspotting n’est pas seulement étonnamment lucide, il est aussi très drôle, voire très souvent cocasse. On rit vraiment.

C’est envoûtant de lire et de comprendre simultanément ce que c’est d’être jeune, mais vieux, paumés mais déterminés, drogués mais désintoxiqués. On comprend l’obsession, l’obsession du fix, l’obsession du manque, l’obsession du vide, qui est le véritable enjeu du livre. Les trainspotters sont des obsédés fébriles. Les personnages d’Irvine Welsh aussi. Et cette fièvre nous atteint nous aussi, et nous plonge dans un univers dont on sort comme d’une longue quarantaine. Encore ankylosés. Mais la fascination en plus.

Editions du Seuil (Points), 380 pages, 6.95 euros
S.L. 

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