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Alabama Song de Gilles Leroy, Mercure de France
 

A l'ombre d'un géant

Du jour où je l’ai vu, je n’ai plus cessé d’attendre. Et d’endurer pour lui, avec lui, contre lui. Dans Alabama Song, Gilles Leroy ressuscite la voix de Zelda Fitzgerald, épouse de Scott, légende de la littérature américaine brisée dans son élan par la gloire et ses excès. Leur histoire commence en 1918 en Alabama où se retrouvent tous les jeunes recrues de l’armée américaine avant leur départ pour l’Europe et une guerre sauvage et étrangère.

Zelda remarque le lieutenant Fitzgerald, sa connaissance du français et ses talents de danseur ne passent pas inaperçus. Malgré ses origines modestes, la jeune femme issue d’une riche famille du Sud suit l’écrivain à New York et partage sa vie, ses succès, ses déceptions et ses excès. Le couple défraie la chronique et Zelda trouve enfin la célébrité qu’elle recherchait mais réalise que malgré son mariage, elle n’a pas trouvé le grand amour…

Bien des années plus tard, Zelda organise ses souvenirs et reprend le cours d’une vie dévouée à un mari qui la négligeait complètement. Zelda ne supporte pas l’amitié ambiguë de Scott avec l’écrivain Lewis O’Connor. Leurs rapports s’enveniment, Scott perd progressivement son inspiration et se noie dans l’alcool. Gilles Leroy montre avec beaucoup d’intelligence comment l’écrivain se nourrit des autres pour composer son œuvre. Scott vampirise littéralement Zelda allant jusqu’à faire publier sous son nom des nouvelles rédigées par sa femme. Il lui a volé sa vie et lui fait croire qu’elle n’avait aucun talent.

Pour oublier, Zelda se réfugie dans la peinture et se souvient de son aventure avec un aviateur français, le seul véritable amour de sa vie. Lucide, elle constate que le mariage avec Scott obéissait à d’autres impératifs. Notre folie nous unissait. C’est la lucidité qui sépare. Zelda et Scott ont inventé la célébrité et son commerce mais cette entreprise n’était pas de l’amour. Ne reste de ces années que des regrets mais tout de même de l’admiration pour l'homme avec lequel elle a passé l’essentiel de sa vie.

Mercure de France, 189 pages, 15 euros, Prix Goncourt 2007
J.H.D. 

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