chroniques cinéma
La Raison du plus faible de Lucas Belvaux, |
Avec : Lucas Belvaux, Eric Caravaca, Natacha Régnier, Patrick Descamps, Claude Semal |
Une vie meilleure Au loin depuis les hauteurs de Liège. Les usines tournent à plein régime de nuit comme de jour, spectacle trompeur qui masque une cruelle réalité, celle d’un chômage de masse. Le travail manque. Aussi, la zone industrielle exclut ceux dont elle n’a pas besoin, Robert proche de la retraite, Jean-Pierre devenu paraplégique. Plusieurs diplômes en poche, Patrick ne trouve aucun travail. Il s’occupe de la maison pendant que sa femme s’épuise dans une blanchisserie. Chaque après-midi, il retrouve ses amis au bar autour d’une bière pour quelques parties de cartes. Un nouveau venu Marc se joint au groupe. Tout bascule le jour où la mobylette de Patrick tombe en panne. Il n’a pas les moyens d’en offrir une neuve à sa femme. Découvrant le passé criminel de Marc, Jean-Pierre et Robert décident d’organiser un braquage pour aider leur ami. On connaît la suite. Pourtant Lucas Belvux parvient à réussir ce qu’il avait raté dans Cavale, un polar social qui évite globalement tout manichéisme même lorsque le personnage de Patrick évoque dans le vide la noblesse de la classe ouvrière. Le spectateur reçoit une telle formule en pleine figure, contraste saisissant avec le désœuvrement de ces hommes. Sans complaisance, Lucas Belvaux filme la détresse de cette banlieue pauvre et sans avenir. Servi par des acteurs remarquables de présence et de justesse, les personnages émouvants acquièrent une réelle épaisseur : Jean-Pierre aidé par Robert quand l’ascenseur de son immeuble tombe en panne, Patrick digne malgré l’arrogance de son beau-père, Marc enfin et ses silences pesants. L’ancien repris de justice pointe chaque jour à l’usine puis au commissariat où un policier goguenard le nargue, persuadé que l’ex braqueur finira par replonger. Derrière la dénonciation un peu convenue des effets du libéralisme, Lucas Belvaux filme surtout l’échec des luttes collectives. Les ouvriers deviennent des guides, ils expliquent à de jeunes écoliers leur rude quotidien. L’appât du gain motive plus ces apprentis braqueurs qu’une quelconque revendication politique. D’ailleurs, il n’y a ni bons ni méchants dans La Raison du plus faible. Juste des victimes et c’est la force du film. J.H.D.
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