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Coeurs de Alain Resnais
Avec : Pierre Arditit, Sabine Azéma, Lambert Wilson, Isabelle Carré, André Dussolier, Claude Rich

Mon cœur à l’étroit

Une neige abondante tombe sur Paris. La tour Eiffel scintille péniblement, prise au piège d’un épais brouillard. A l’image de Dan, compagnon de Nicole, les personnages de Alain Resnais sont dans l’expectative. Ils attendent de jours meilleurs qui ne viennent pas.

Symbole évident des états d’âmes des uns et des autres, la neige sert surtout à révéler les failles de personnages incapables de regarder les choses en face : Dan et Nicole ne s’aiment plus. Gaëlle et Thierry n’ont pas rencontré l’âme sœur. Lionel se retrouve bien seul pour surmonter la mort de ses proches. Aucun de ces personnages ne peut réellement émerger de son mal être. Sofia et Martin cachent leur identité quand ils se rencontrent la première fois. L’amour suppose de prendre des risques qu’ils refusent d’assumer.

Thierry quant à lui ment à Charlotte quand il évoque les soirées du dimanche passées à jouer aux petits chevaux sans se douter qu’il vient de blesser sa collègue, petit détail qu’il ne remarque pas mais que la caméra de Alain Resnais enregistre dans un souci du détail qui n’est pas gratuit. Quand Gaëlle enlève ou remet sa boutonnière en forme de fleur, le geste traduit à la fois sa fragilité et ce rêve si partagée de rencontrer le prince charmant.

Mais les cœurs ne chantent plus ici car il n’y a plus de désir. « Mon cœur est compressé, il est devenu tout petit » avoue même Nicole à Dan. De même Thierry ne trouvera pas les mots justes pour séduire Charlotte, personnage ambiguë quelque peu démon sous ses airs de catholique fervente. Cette foi qu’elle revendique manque cruellement aux personnages. Il n’ont plus confiance en eux mêmes. Lionel envie Charlotte, sa force intérieure, cette foi et le réconfort qu’elle lui apporte. Le chef de bar s’est installé auprès de son père et vit au milieu de fantômes. Il ne croit plus en rien, forcé d’admettre « qu’on traverse la vie bien seul ».

La neige finit par le rattraper et à travers lui tous les personnages. La lumière disparaît, un vent glacial souffle, la mort se rapproche lentement. Quand Nicole visite plusieurs appartements de plus en plus petits, elle ne fait rien d’autre que le deuil de son amour. Cœurs travaille sa tristesse avec une élégance rare qui ne dit pas son nom, sublime partition d’un homme qui attend lucide et sereinement la mort mais aussi signature d’un grand cinéaste pour ce très beau film mélancolique.
J.H.D. 

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