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Les Témoins de André Téchiné
Avec : Michel Blanc, Emmanuelle Béart, Sami Bouajila, Julie Depardieu, Johan Libéreau

Un chant d'amour

Lumineuse, déterminée, Sarah tape à la machine. Elle a retrouvé cette inspiration qui lui manquait depuis la naissance de sa fille. Avec son mari Medhi, inspecteur à la brigade des mœurs, ils reçoivent la visite d’Adrien, le parrain de la petite fille, un médecin qui ne cache pas ses préférences homosexuelles malgré les rumeurs alarmantes en provenance des Etats-Unis…

Sarah se souvient... A l’été 1984, l’insouscience porte les cœurs. L’amour circule librement, sans barrière. Adrien rencontre ainsi dans les jardins du Tracadero, Manu, un jeune homme orginaire de l’Ariège, tout juste arrivé dans la capitale. Mais il lui résiste et se refuse à lui par peur de décevoir le médecin, ce qui ne l’empêche pourtant pas de se lier avec Medhi…

Le nouveau film d’André Téchiné place le spectateur face à une terrible réalité : la progression inexorable de l‘épidémie de sida et la fin d’une époque de libération sexuelle. Si Manu n’a pas voulu se lier à Adrien, ce n’est pas en raison de la différence d’âge. Le jeune homme veut découvrir le monde, multiplier les aventures et les rencontres, ce qui le rapproche des héros de Loin.

Toutefois, on ne parle pas encore de sida. André Téchiné et Julien Hirsch revisitent l’époque avec un certain réalisme, l’image légèrement saturée du chef opérateur installant le récit dans un passé à la fois lointain mais proche. Surtout, l’embrasement des couleurs chaudes, jaune et rouge, rappelle l’urgence, la passion dévorante mais aussi l’amour mis à mort même s’il finit par renaître tant bien que mal.

Car paradoxalement, Les Témoins chante la vie dans ce qu’elle a de plus précieux. Au chevet d’Emmanuelle, Sarah reprend goût à l’écriture. Face à la mort, elle trouve avec Medhi la force d’assumer la naissance de sa fille. Le couple peut envisager de se réconcilier avec Adrien assailli de toute part par la pandémie mais entouré de l’amour d’un nouvel amant. Très justement, André Téchiné montre que même si le sida a remis en cause certaines pratiques sexuelles, la maladie n’a pas pu détruire ce qui unissait tous ces personnages, cet amour que chante chaque minute de ce très beau film émouvant.
J.H.D. 

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