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Une vieille maîtresse de Catherine Breillat
Avec : Asia Argento, Fu'ad Ait Aattou, Roxane Mesquida, Claude Sarraute

Brûlures d’amour

Ryno de Marigny doit épouser la noble et dévouée Hermangarde. Mais Paris bruisse de rumeurs. Le vicomte de Prony alerte l’entourage de la mariée : son prétendant fréquente toujours la Vellini, une femme de mauvaise vie rencontrée il y a une dizaine d’années. Face à la grand-mère d’Hermangarde, la marquise de Flers, ryno de Marigny s’explique. Il a rompu avec Vellini. Mais devant la curiosité de la marquise, il entreprend le récit de leur liaison tumultueuse…

Ryno a tout d’abord superbement ignoré cette jeune femme, enfant illégitime d’une cantatrice italienne et d’un toréador espagnol. Elle lui fait payer très cher ses audaces en se refusant à lui. Coup de cravache puis balle de pistolet, l’amant éconduit, pris à son propre piège, se mortifie le corps pour capter l’attention de celle qu’il aime. L’amour n’est ici que souffrance. Dans la scène clé du film, Vellini lèche la blessure béante de son amant, ce qui accroît sa douleur. Acte d’amour ? Vengeance ? Ces deux êtres ne connaissent pas la modération.

Catherine Breillat adapte avec brio le roman de Barbey d’Aurevilly. Très fidèle au texte, la cinéaste signe une étude de mœurs subtile où ses superposent au tableau de l’époque, des motifs récurrents dans l’œuvre de l’auteur de Romance : lâcheté des hommes, idéalisme de jeunes femmes trahies. Très à l’aise, Catherine Breillat parvient même à rendre crédible par un simple mouvement de caméra ce qui sur le papier pouvait prêter à sourire, Claude Sarraute en vieille marquise, Lio en cantatrice entonnant un air en allemand. Asia Argento, à la fois manipulatrice et victime brille par la justesse de son jeu au sein d’une distribution dominée par le débutant Fu’ad Ait Aattou époustouflant dans le rôle de Marigny.

Le roman de Barbey d’Aurevilly avait choqué à l’époque de sa parution en raison d’une scène terrible où une jeune épouse passait la nuit dehors, collée à une vitre, à observer impuissante les ébats de son mari et de sa maîtresse. Point de polémique ici mais une brillante relecture du texte original que l’on pourrait presque voir comme le miroir de notre époque où les corps s’attirent mais ne s’aiment pas.
J.H.D. 

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