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Zodiac de David Fincher
Avec : Jake Gyllenhaal, Mark Ruffalo, Anthony Edwards, Robert Downey Jr.

Assassin sans visage

Surgie de nulle part, la voiture éclaire de ses phares lumineux un couple apeuré. L’homme descend, la démarche inquiétante, la détermination sans faille, prêt à tuer ses victimes après quelques échanges anodins. De cette scène d’ouverture, traumatisante à souhait, rien ne filtre : le tueur insaisissable avance masqué par l’obscurité, sans visage.

Dans Seven, Brad Pitt et Morgan Freeman traquaient déjà) un assassin cruel. Il se faisait appeler Johne Doe, soit le nom utilisé par Gary Cooper dans l’Homme de la rue, un surnom pour évoquer à l’époque le malaise d’un homme ordinaire. L’enjeu reste ici le même. David Fincher relate la longue traque d’un célèbre tueur en série. De 1968 à 1983, le Zodiac a tué une douzaine de personnes, nargué les autorités, notamment en annonçant des meurtres qu’il ne commettait pas. David Fincher s’inscrit sans une démarche inédite, opposée à celle de Seven. Dans un premier temps, Zodiac mise sur le réalisme avec quelques références au film noir. Là où Michael Mann jouait sur les couleurs, le cinéaste adopte un cadre sobre mais parfaitement maîtrisé, notamment dans les scènes nocturnes où se joue l’identité du tueur.

David Fincher s’attache en particulier à rendre l’intrigue lisible pour mieux capter l’attention du spectateur avant de le perdre dans les méandres de l’affaire. En effet, la traque piétine, les autorités renoncent, le tueur disparaît. Un journaliste, Paul Avery puis un dessinateur John Graysmith, tous deux collaborateurs du San Francisco Chronicles reprennent le flambeau. Leurs investigations mettent à jour de nouvelles pistes et dynamitent le film. Aucun suspect ne colle parfaitement, écarté soit par un examen graphologique ou un témoignage fortuit. Un fou s’attribue peut être des crimes qu’il n’a pas commis. Les enquêteurs en viennent même à douter de l’existence d’un tueur. Le spectateur aussi.

Dans ces moments là, Zodiac atteint des sommets mais il y a plus fort avec cette piste qui mène Graysmith sur les traces d’un mystérieux projectionniste. Le tueur a-t-il laissé des preuves sur des pellicules comme Taylor Durden qui parsemait ses bobines d’images pornographiques dans Fight Club ? Après tout, le tueur en série de Seven portait bien le nom d’un héros de Franck Capra. En émettant l’hypothèse d’un tueur cinéphile, David Fincher donne à l’assassin le visage de tout le monde. Dérangeant mais fascinant. La fiction rattrape la réalité même si le cinéaste finit par livrer la probable identité du meurtrier au terme d’une enquête inachevé mais d’un film vertigineux. Jamais démasqué ni arrêté, l’assassin court toujours.
J.H.D. 

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