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Le Scaphandre et le papillon de Julian Schnabel
Avec : Mathieu Amalric, Emmanuelle Seigner, Marie-Josée Croze, Anne Consigny, Patrick Chesnais

Envol

Immobilisé dans son fauteuil roulant, terrassé par une attaque cérébrale, Jean Dominique Bauby écoute les conseils de ses premiers visiteurs à Berck sur Mer. Vous devez vous attachez à ce qu’il reste d’humain en vous lui explique un ancien journaliste, otage au Liban pendant quatre longues années. A l’époque, il avait échangé son billet d’avion avec Jean Dominique Bauby, reprenant par un coup du sort la place en captivité qui lui était promise.

Paralysé, l‘ancien rédacteur en chef du magazine Elle s’en veut ne pas avoir rappelé ce confrère tout comme il regrette d’avoir quitté sa compagne et ses trois enfants. Atteint d’un Locked in Syndrome, il ne peut plus bouger ni parler. Seul son œil gauche lui permet encore de communiquer avec son entourage. Un œil, c’est peu mais c’est beaucoup à l’échelle de ce film à la fois surprenant et bouleversant.

La position de Bauby rappelle celle du héros de Johny s’en va en guerre mais l’œil change tout : il permet le langage puis la communication et donc un lien avec le reste de l’humanité. Dans une métaphore évidente du cinéma, l’œil de Jean Dominique Bauby devient une caméra de substitution et la mise en scène épouse son point de vue. L’imagination et la mémoire du héros insufflent du mouvement à cette vie immobile et permettent au journaliste de se projeter dans l’espace et le temps. L’espoir renaît et avec lui le besoin d’écrire pour témoigner et partager son expérience.

Qu’est ce qu’un artiste ? Depuis Basquiat, l’œuvre de Julian Schnabel porte cette interrogation prolongée avec Avant la nuit. Le cinéaste lui substitue ici une autre problématique : qu’est ce qu’un homme. Mais Le scaphandre et le papillon ne cherche jamais à prendre en otage les sentiments du spectateur. Au contraire, le personnage loin d’être un ange garde ses zones d'ombres. Surtout, la mise en scène particulièrement travaillée au niveau des couleurs, des formes ou des angles de vue, déploie une certaine poésie pour restituer la mémoire de Bauby et les conditions de sa survie. Evidemment, le journaliste n’a pas tenu longtemps, vaincu par la maladie. Mais son souvenir reste intact, prolongé par ce film poignant, un vibrant hommage à la pointe d’humanité qui sommeille en chacun de nous.
J.H.D. 

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