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Les Méduses de Etgar Keret et Shira Geffen
Avec : Sarah Adler, Noa Raban, Gera Sandler, Assi Dayan

La tentation des l’impuissance

Un couple se sépare. Le jeune homme emporte ses affaires avec le mince espoir d’entendre sa copine prononcer les mots qui le feraient rester mais ils viennent trop tard. Les personnages de Etgar Keret et Shira Geffen n’ont plus la force d’affronter la réalité. Ils encaissent les coups en silence jusqu’au point de non retour. Alors que Batya s’est séparée de son ami, Keren épouse Michael mais elle se casse la jambe pendant les noces. La lune de miel se déroulera dans une chambre d’un hôtel de Tel Aviv qui ne convient jamais.

Pendant ce temps là, les méduses s’échouent sur les plages comme autant de rêves impossibles, de vies déréglées. C’est tout juste si les personnages se rendent compte de l’irruption du singulier dans leur morne quotidien. Batya recueille une jeune fille muette, rencontrée sur la plage, tout juste sortie de la mer, une bouée autour de la taille. Un chauffeur de taxi ou une actrice demande à une jeune femme d’origine philippine de prendre en charge leur vieille mère malade dont ils ne peuvent plus s’occuper.

Ce personnage anodin dynamite les contours de la chronique sociale et amplifie de par sa condition d’exilé le drame existentiel vécu par chaque personnage. On pense étrangement à Be with me même si on ne retrouve pas dans Méduses la mise en scène des nouvelles technologies (SMS, caméras, chat…) ni les longs plans séquences. Ce qui relie les deux films et peut être même un troisième, Babel de Alejandro Gonzalez Inarritu se joue ailleurs au plus profond des êtres. Ainsi quand la nurse accompagne la mère acariâtre au théâtre, rien ne permet de reconnaître le Hamlet de Shakespeare mais par le jeu des regards entre une mère et sa fille, des émotions circulent.

L’art ne peut pas tout et les héros de Méduses ne peuvent pas tous se sauver. Le salut passe néanmoins par l’autre malgré les difficultés à communiquer. Batya manque de se noyer en suivant la petite fille rousse qui l’entraîne dans les profondeurs de la mer. Un étrange baiser de bulles dont la forme évoque des méduses scelle leur séparation et donne à la jeune femme la force de remonter à la surface pour se sauver et sortir de ces ténèbres qui menacent chacun de nous.
J.H.D. 

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