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L'Homme sans passé de Aki Kaurismaki
Avec : Markku Peltola, Kati Outinen, Juhani Niemela, Kaija Pakarinen, Sakari Kuosmanen
Un homme (que j’appellerai M) débarque en gare d’Helsinki en pleine nuit. Il se fait attaquer par 3 hommes alors qu’il s’endormait sur un banc. Arrivé à l’hôpital où il est déclaré mort, M renaît mystérieusement mais n’a plus le moindre souvenir de sa vie passée. Il s’enfuit dans la campagne. Commence alors la renaissance de M…

Renaissance est le premier mot qui vient à l’esprit pour parler du héros de l’homme sans passé. Elle est à la fois littérale (cf. la scène de l’hôpital avec son visage masqué par le bandage) et symbolique (retrouver son identité). Pourtant c’est moins cette renaissance que les chemins empruntés par M pour parvenir à sa réintégration dans la société dont il est question. On reconnaît immédiatement la patte du réalisateur de La fille aux allumettes : sècheresse de la réalisation, acteurs impassibles, dialogues très souvent décalés, il y a toujours eu quelque chose de très japonais dans le travail de Kaurismäki.

En effet, on retrouve chez lui cette faculté de bousculer les points de vues, l’environnement de M est similaire à celui La fille… , même no man’s land, et pourtant une certaine féerie se dégage, ses habitants vivent dans des containers insalubres mais ils ne semblent pas malheureux pour autant. Cette attitude est un moteur pour la motivation de M en quête d’identité mais ce nom tant convoité est aussi un frein car il ne peux rien faire avec : on pense alors à la scène de l’ANPE d’une bouleversante cruauté. A partir de ce moment là, Kaurismäki pose une réflexion très intéressante sur notre société où un homme dans ce qu’il y a de plus concret ne pèse pas lourd face à une identité, un nom, des mots aussi abstraits qu’ils soient. Alors M devra ruser et prendre les apparats de l’identité comme l’illustre magnifiquement cette scène où il va enfiler un costume et séduire Irma (Kati Outinen, parfaite comme toujours).

Mais la force du film vient de ce constant décalage entre les difficultés du héros pour accomplir ses actes et ces derniers d’une extrême banalité. Ce décalage est le générateur principal du comique. A cela s’ajoute un sens du cadrage pour mettre en évidence le détail qui tue. Les tribulations de M servent de point de départ de mini saynètes burlesques, on pense à la tentative d’expulsion du gardien vénal ou encore à celle du hold-up qui confine à l’absurde. Mais ce comique peut se retrouver aussi transfiguré dans de simples objets tels que ce juke-box chargé de musique rock ringarde ou la douche artisanale. Kaurismäki filme cela avec une telle grâce que même Jacques Tati serait touché par ce film.
J.F. 

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