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Spider de David Cronenberg
Avec : Ralph Fiennes, Bradley Hall, Gabriel Byrne, Miranda Richardson, Lynn Redgrave
L’homme sans futur.

Une idée a souvent traversé le cinéma de David Cronenberg, celle d’une mutation d’une transformation des corps, ressassée à travers une filmographie éclectique de la Mouche à Crash. Ainsi au premier abord, son dernier film Spider surprend parce qu’il livre la description d’un esprit torturé, condamné à revivre un passé terrifiant. Le personnage principal de Spider constitue en ce sens l’exact opposé de celui mis en scène par Aki Kaurismaki. Si la quête de l’amnésique joué par Markku Peltola s’avère émancipatrice, celle de Ralph Fiennes l’envoi dans une impasse dont il ne peut s’extirper.

Pourtant, le film de Cronenberg ne tourne jamais en rond. Le talent du metteur en scène réside dans une gestion de l’espace assez sidérante. Dès la première scène, où Spider descend du train d’un pas mal assuré pour revenir sur les lieux de son enfance, le réalisateur de Crash opère une saisissante correspondance entre les rues sordides d’un Londres sinistre et l’espace mental du héros qui se dessine petit à petit.

Dans le rôle titre, Ralph Fiennes inquiétant car terriblement absent porte ce projet ambitieux qui vise à placer le spectateur au coeur des phobies de ce personnage malade. Spider revit en effet les moments clés de son enfance jusqu’à rejoindre l’enfant de onze ans qu’il était, l’occasion pour Cronenberg de jongler avec les certitudes du spectateur confronté aux hallucinations du personnage principal. Le réalisateur joue avec la figure maternelle à la fois mère adorée et prostituée vulgaire, brouillant les pistes en s’appuyant sur le jeu admirable de Miranda Richardson.

L’actrice joue même un troisième rôle, celui de la gérante de l’hospice qui recueille Spider à sa sortie de l’hôpital psychiatrique. Le délire paranoïaque de Spider a contaminé la réalité, la correspondance inversée du début du film, un cauchemar sans fin où le passé jette un voile sur un avenir compromis. La boucle est bouclée.
J.H.D. 

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