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Le Film Décrypté : La Grande Illusion de Jean Renoir
Avec : Jean Gabin, Pierre Fresnay Erich von Stroheim, Marcel Dalio
1916 lors de la bataille de Verdun, l'avion du capitaine de Boëldieu et de son pilote, le lieutenant Maréchal, est abattu en Allemagne. Prisonniers au camp de Hallbach, ils retrouvent dans leur cellule Cartier, un acteur de music-hall et Rosenthal, un riche couturier parisien d'origine juive. Ces quatre hommes préparent leur évasion, mais sont transférés. À la forteresse de Wintersborn, dirigée par Rauffenstein, Maréchal et de Boëldieu retrouvent Rosenthal. Une relation d'amitié particulière se noue entre Boëldieu et son ennemi Rauffenstein, deux hommes issus de la vieille aristocratie européenne. Cependant cette amitié s'avère moins forte que le sens de la nation : Boëldieu couvre l'évasion de Maréchal et Rosenthal, obligeant Rauffenstein à le tuer. Épuisés, les deux évadés se réfugient dans une ferme isolée chez une paysanne veuve, Elsa (Dita Parlo), qui les protège. Maréchal devient son amant. Le lendemain, ils passent la frontière, échappant à leurs poursuivants.

La grande illusion se veut un film réaliste, reposant sur la propre expérience de guerre de Jean Renoir et sur les récits des évadés de guerre français. Et le fait que Jean Gabin porte l'uniforme de Jean Renoir montre à quel point ce film est lié à l'expérience qu'a pu faire Jean Renoir de la première guerre mondiale. Alors qu'originellement le film devait comporter des scènes de bataille aérienne, Jean Renoir ne put réunir assez de fonds et le film se recentra sur les relations entre les prisonniers de guerre et avec leurs gardes allemands. Le film a été projeté pour la première fois au festival de Venise, Goebbels le vit et fit pression sur Mussolini pour l'empêcher de gagner la coupe Mussolini. Sa vision pacifique du monde était intolérable pour le régime nazie tout comme le personnage de Rosenthal étant jugée trop positif. Interdit en Italie et en Belgique, le Président américain Roosevelt fut grandement impressionné par ce film et déclara même que «tous les démocrates devaient voir ce film.»

Servi par l'interprétation tonitruante de Fresnay, von Stroheim et Gabin, Renoir nous livre brute, sa vision des rapports entre classes. Boëldieu et Raffenstein ont, en dépit de la guerre et des différences nationales plus en commun qu'avec leurs compatriotes (deux militaires de carrière, issus de grandes familles aristocratiques, qui parlent tous deux anglais, fréquentent les champs de course et les plus grands restaurants). Mais Boëldieu se sacrifie pour permettre à Maréchal et à Rosenthal de s'échapper. .La guerre transcende les différences de classe : Maréchal transcende son antisémitisme envers les juifs, Maréchal dépasse la barrière nationale et linguistique entre lui et Elsa, certains signes d'humanité entre les soldats français et les gardiens allemands sont même visibles (un garde donne un harmonica à Maréchal pour qu'il se sente moins seul dans sa cellule).
Pourtant, une fois la guerre terminée, une fois l'illusion dissipée chacun retourne à sa place. En somme tout est dit dès le titre de ce film : la Grande illusion pour désigner la Grande guerre, celle de 14-18. L'illusion que la nation serait plus forte que la classe et que tous les hommes sont égaux. Renoir nous délivre un message pessimiste, un film dont l'image perdure longtemps après sa vision comme un mirage dans le désert.

Biographie de Jean Renoir.
Né en 1896, deuxième fils du peintre Auguste Renoir, diplômé de philosophie et de mathématiques de l'Université d'Aix en Provence en 1913, sa vie change lorsqu'il s'engage comme soldat dans la cavalerie en 1913. Promu second lieutenant lorsque la première guerre mondiale est déclaré, il sera sur le front en Alsace dès 1915 avec les chasseurs Alpins. Mais blessé par balle à la hanche, il se retrouve intégré à l'armée de l'air où il devint pilote.
En 1918, une fois démobilisé, il commence une nouvelle vie en oeuvrant comme céramiste pendant 4 années. C'est après avoir vu un film de Erich von Stroheim qu'il décide de devenir réalisateur. Dans les années 30-40 il produira ses plus grands chefs d'œuvre comme Madame Bovary (1934), la grande illusion (1937), la Marseillaise (1938), la règle du jeu (1939). Pendant la deuxième guerre mondiale, il quitte la France pour poursuivre sa carrière aux E-U où il travaille pour la Twentieth Century Fox et Universal. Il est naturalisé citoyen américain en 1946.
Il décède en 1979 à Beverly Hills.

Acteurs principaux :
Jean Gabin dans le rôle de Maréchal
Pierre Fresnay dans le rôle du capitaine de Boëldieu
Erich von Stroheim dans le rôle de l'officier prussien von Rauffenstein
Marcel Dalio dans le rôle de Rosenthal

Scénario : Charles Spaak et Jean Renoir.
Direction Photo : Christian Matras, noir et blanc.
Musique : Joseph Kosma.
Production : Les Réalisations d'Art Cinématographique.
Durée : 1 h 53.
G.P.L. 

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