chroniques cinéma
Adaptation de Spike Jonze |
Avec : Nicolas Cage, Meryl Streep, Chris Cooper, Jane Adams, Jim Beaver |
Depuis Darwin et sa fameuse théorie de l'évolution, nous avons conscience que les
hommes et les animaux se sont adaptés à leur milieu naturel au même rythme que celui-ci
évoluait. Suivant cette logique, le scénariste Charlie Kaufman peut-il s'adapter aux exigences du monde hollywoodien, et plus important encore, va t'il réussir à
adapter au cinéma le voleur d'orchidées, un livre sur les fleurs? Charlie Kaufman (Nicolas Cage), scénariste mal dans sa peau est engagé pour rédiger l'adaptation du roman de la journaliste Susan Orlean (Meryl Streep). Incapable de passer à l'acte (avec les femmes comme avec son scénario), Charlie rêve sa vie en douleur avec son fardeau de complexes tandis que son jumeau, Donald, réussit tout ce qu'il entreprend. Voilà! Et c'est à peu près tout! Jonze se contente pour le reste d'assembler des petits bouts de truc avec des morceaux d'idées en espérant aboutir à un film. Après le grand succès critique que fut Dans la peau de John Malkovich, Jonze confirme sa volonté de réaliser des films atypiques, "sans sexe, sans poursuite en voiture, sans grande leçon sur la vie" et reste avec Adaptation dans la même sensibilité que son film précédent. Jonze a choisi de traiter de l'angoisse de la page blanche à sa manière, en intériorisant les évènements. Tout comme Dans la peau de… décrivait l'intérieur de John Malkovich et s'avérait à ce titre un film "organique" à la David Cronenberg, dans Adaptation Jonze s'attache à retranscrire l'univers mental de Charlie Kaufman à l'écran. Ainsi, Charlie Kaufman vit dans une immense maison totalement fonctionnelle, sans décoration. Cet environnement semble refléter l'état d'esprit de Charlie qui passe son temps tourné vers lui-même, sans jeter le moindre regard à son environnement immédiat. Malheureusement sur un sujet aussi auto-réflexif que celui de la création au cinéma, la route séparant un film intelligent d'un film prétentieux est longue et étroite et il n'est pas sûr que Jonze ait pris la bonne route. Alors que l'humour Monty-Pythonesque de Dans la peau…soufflait un vent frais et revigorant sur le cinéma hollywoodien, Adaptation s'enlise. Traitant supposément de la passion et de sa naissance, ce film n'atteint pas son but et se concentre excessivement sur le processus créatif. Pourtant les acteurs possèdent le ton juste et le film se voulait audacieux avec plusieurs niveaux d'intrigues, celui du roman à adapter, le voleur d'orchidée, et celui des angoisses de Charlie. Jonze offre même aux spectateurs un double dédoublement, avec Donald le jumeau de Charlie et Susan Orlean qui trouve en la personne de John Laroche, le voleur d'orchidée (Chris Cooper), comme son négatif photographique. Alors Adaptation, un film "sans sexe, sans poursuite en voiture, sans grande leçon sur la vie"? Spike Jonze/Charlie Kaufman doit bien se résoudre à intégrer ces éléments dans son film, montrant ainsi qu'il était impossible de s'émanciper totalement de la logique commerciale hollywoodienne. Pourtant en réalisant un film sur un scénariste qui essaye d'adapter un roman et qui finit par un écrire un scénario sur lui-même essayant d'adapter le roman (ouf!), on peut légitimement se demander si Jonze ne se fout pas de la gueule de ses spectateur et du système hollywoodien, à moins que Jonze ne soit tout simplement l'héritier de Godard réfléchissant sur la nature du cinéma aujourd'hui. Chacun se fera son idée, mais il ne faudrait surtout pas aller chercher la réponse plus loin que là où Kaufman est allé pêché son idée de film… G.P.L.
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