chroniques cinéma
Joao César Monteiro, du présent à l'éternité : Les Noces de Dieu de Joao César Monteiro |
Avec : Joao César Monteiro, Rita Durao, Joana Azevedo, Jose Airosa |
Décédé en février dernier des suites d’une longue maladie (cf Va et Vient),
le portugais Joao César Monteiro laisse derrière lui une œuvre singulière et
radicale. Après quelques films dans lequel il développe son style expérimental, le cinéaste portugais obtient la reconnaissance internationale avec Souvenirs
de la Maison Jaune (1989, Lion d’argent au Festival de Venise). Ce film
marque la première apparition de Jean de Dieu, sorte de dandy lubrique et pervers,
alter égo de Joao César Monteiro à travers lequel le cinéaste évoque ses obsessions.
Cette figure à la fois jouissive et inquiétante de l’insoumission à la marche
du monde ne quittera plus le cinéma de Monteiro, du Bassin de J.W. à Va
et vient en passant par ces Noces de Dieu. Eloge de l’instant présent « There is no home like home », c’est par ces mots que Jean de Dieu revient devant la camera de Monteiro. Le vieil homme reçoit la visite d’un émissaire du Ciel qui lui confie une valise pleine de dollars. A lui de remodeler le monde à sa façon, Jean de Dieu devenu le riche Baron de Dieu peut tout se permettre… Notre héros commence donc par sauver de la noyade une jolie orpheline avant de la ramener au couvent. Cette première rencontre en annonce une autre entre la mère supérieure et Jean de Dieu. Le cinéaste invente dès lors une théorie de l’échange particulièrement originale. Comprendre le monde, c’est confronter par le dialogue ses idées avec celles d’autrui. Le film progresse alors au fur et à mesure de rencontres insolites. Cependant, si le Baron et ses interlocuteurs évoquent les désordres du monde, c’est avec un enjeu bien réel, définir la place de l’homme dans l’univers, d’où le sublime plan d’ouverture, une image de galaxie et la promesse d’accèder à l’éternité. Cependant pour Joao César Monteiro, notre rapport au monde ne peut se concrétiser pleinenemnt que dans l’instant présent. Les Noces de Dieu célèbrent ainsi la beauté du monde et sa jouissance en une succession de tableaux mémorables, une fusion quasi charnelle entre l’homme et la nature, un univers singulier où une femme peut symboliser une fleur, son sexe un fruit. Cette rhétorique surprenante trouve une résonance particulière dans la mise en scène de Joao César Monteiro, le recours à une lumière naturelle éclatante et le sens du plan séquence, deux élèments en parfaite adéquation avec la célèbration de l’instant présent prônée par Jean de Dieu. Le prix à payer pour un cinéaste libre au sommet de son art. J.H.D.
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