chroniques cinéma
The Matrix Revolutions de Andy Wachowski et Larry Wachowski |
Avec : Keanu Reeves, Laurence Fishburne, Carrie-Anne Moss, Hugo Weaving, Jada Pinkett Smith |
Ce qui a commencé en 1999 n’aurait jamais dû continuer. Résumé de The Matrix Reloaded aussi bref que possible : Zion a essuyé sa première vague d’attaques. L’agent Smith est parvenu à se dupliquer avec Bane le rebelle et, du coup à intégrer le monde réel tandis que Neo a préféré sauver Trinity plutôt que de recharger la Matrice et lui faire entamer un nouveau cycle. Notre héros subit, en passant, une nouvelle transformation en se dotant de super pouvoirs dans le monde réel. Le film se terminait sur Bane/ Agent Smith et Neo, tous deux dans le coma, allongés l’un en face de l’autre sur des tables d’opération avant un brutal cliffhanger digne d’une série américaine... The Matrix Revolutions reprend au même endroit. L’invasion finale de Zion par les machines est maintenant devenue une question d’heures. Neo doit accomplir la prophétie : sauver la dernière enclave d’humanité alors qu’au même moment la Matrice n’arrive plus à endiguer la « prolifération Smith ». Il y a tout juste six mois sortait sur nos écrans le très attendu ...Reloaded qui, contrairement au premier opus, était loin de faire l’unanimité. Ses aficionados y admiraient une complexité scénaristique ainsi qu’une esthétique de l’action assez hors du commun, le tout censé former un brassage du spectaculaire et de notions philosophiques intemporelles comme le libre arbitre. Les autres (dont je fais partie) reprochaient au film une absence de scénario ou alors une histoire prétexte à enchaîner des morceaux de bravoures souvent inégaux tout en alternant avec des situations ridicules truffées de dialogues d’une triste platitude. Le Zion fantasmé dans le premier film apparaissait dans toute sa laideur et, dans le même temps, une flopé de personnages secondaires assez inintéressants dans l’ensemble. A cela s’ajoutait un message (abs)con et prétentieux servi par des acteurs à la limite de l’auto parodie. Les frères Wachowski, fuyant la presse, avaient chargé leur producteur Joel Silver de faire la communication. Il avait promis la résolution du puzzle (sic) et la scène d’action la plus chère de l’histoire du cinéma (20 minutes pour le budget du premier film). On pouvait alors sous-entendre que ...Revolutions allait mettre tout le monde d’accord. Ce n’est malheureusement pas le cas. Ce troisième volet reste dans la droite lignée du précédent et il y a fort à parier que les pro et anti ...Reloaded camperont sur leurs positions face à cette débauche de moyens tournant à vide. Pourtant le début du film est très prometteur : on navigue de nouveau entre le réel et le virtuel avec Neo, Trinity et Morpheus, les personnages fondateurs. La partie dans Hell, la boite de nuit sadomasochiste en est la plus belle preuve avec son rythme trépidant et sa qualité d’interprétation qui avait complètement disparu dans le précédent film (à l’exception notable de Monica Bellucci incarnant une Perséphone aussi vulgaire que sa garde-robe). Mais le plaisir est de courte durée... Dès l’instant où les extensions scénaristiques du monde réel développées dans ...Reloaded reprennent le contrôle du film, on est gagné par l’ennui et l’on prend peu à peu conscience que la transformation de l’histoire individuelle de Neo en aventure collective est une monumentale erreur. Ce bug scénaristique contamine le récit ; à commencer par les scènes d’actions. A quelque exception près, elles n’apportent rien dans ...Revolutions. La fameuse bataille entre les hommes et les machines est interminable et la décision de faire passer cette scène en une seule fois – aucun montage alterné ! – conduit inévitablement aux pires clichés (le général Mifune dur mais juste, la jeune recrue dominant sa peur... de grâce !) et bien évidemment au radotage et à l’ennui. Le combat final souffre de ce même manque d’intérêt : on retrouve les ralentis, le fameux bullet time effect, une utilisation des effets spéciaux toujours mieux maîtrisée mais tout cela ne mène strictement nulle part... Rien, nulle part, deux termes linguistiques parfaitement appropriés pour définir l’égarement probable d’Andy et Larry Wachowski. ...Reloaded n’avait pas convaincu tout le monde en reconduisant le doute brillamment installé dans The Matrix sur le régime de réalité dans lequel les protagonistes évoluaient. Le monde dit réel n’est-il qu’une matrice de sécurité ? Qui sont donc le Mérovingien et Perséphone ? Quels sont les rôles de Séraph et de l’Oracle ? Ces questions, « ces secrets derrière la porte » laissaient supposer que ...Reloaded prendrait toute sa valeur avec ...Revolutions. Mais les frères Wachowski se sont laissé dépasser par les événements et les réponses apportées ne sont guère convaincantes et même l’interprétation la plus tarabiscotée des irréductibles fans sur Internet ne pourra rien changer face à l’exaspération de cette combinaison arrogante de deux films de 4H40 qui aurait très bien pu ne faire qu’un deuxième tome de trois heures, vu le déchet... Point de révélation, point de solution ici... En fait, il y a bien une solution, celle où Neo met le système en échec à la fin du premier opus. Difficile d’oublier The Matrix pendant ...Revolutions, difficile encore de ne pas songer à Cypher le félon. Souvenez vous, ce dernier était prêt à vendre les codes d’accès de Zion pour pouvoir réintégrer la Matrice et oublier absolument tout de sa pitoyable existence. Comme il avait raison ! J.F.
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