chroniques cinéma
Alexandrie New York de Youssef Chahine |
Avec : Mahmoud Hémeida, Yoursa, Ahmed Yéhia, Yousra El Lozy |
Après de nombreuses années d’ignorance polie, New York rend enfin hommage à Yéhia,
un célèbre réalisateur égyptien. La ville lui consacre même une grande rétrospective
au cours de laquelle, le cinéaste retrouve Ginger un amour de jeunesse. Elle lui présente Alexandre, son fils danseur aux qualités exceptionnelles, dont il ignorait
l’existence. Un fils qui ne peut malheureusement pas admettre ce père arabe car comme
chacun sait « le monde du spectacle est tenu par les juifs ». Alexandrie New York confirme la mauvaise impression laissée par le segment réalisé par Youssef Chahine dans le programme September 11’09. Depuis les attentats du World Trade Center, l’humanisme du cinéaste égyptien a laissé place à une aigreur qui vire ici au racisme et à la caricature. Non content d’afficher un antisémitisme primaire, le film ne parvient jamais à montrer la complexité des sentiments du monde arabe à l’égard de l’Amérique dont il donne une image fort réductrice. Une scène amusante voit ainsi des égyptiens rallier l’Amérique de 1956 parce qu’elle s’oppose aux opérations franco-britanniques autour du canal de Suez. L’Amérique ne peut être ici admirée que dans son opposition aux projets sionistes. Mais il y a pire puisque Youssef Chahine tente de légitimer les attentats du 11 septembre, remarquant avec aplomb que le peuple américain souverain élit démocratiquement ses dirigeants. Le réalisateur affiche ici un profond dédain pour la vie humaine, assez proche du « il n’y a pas de victimes innocentes », cri de ralliement des fanatiques de tout bord. La mise en scène ne cherche même pas à rattraper pas le discours politique du film . Youssef Chahine tente de se réapproprier le cinéma populaire américain des music halls mais ses choix artistiques guidés par son ressentiment s’avèrent désastreux. Américains, ses personnages parlent en arabe et les reconstitutions des studios laissent à désirer. Le cinéaste perd son talents de conteur, constat d’autant plus amer que les images de Gare Centrale et d’Alexandrie Pourquoi ? parviennent encore à nous émerveiller même si on a bien du mal à croire que derrière de si beaux plans, se cache l’auteur d’un film aussi déplorable. J.H.D.
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