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Adresse inconnue de Kim Ki-duk
Avec : Yang Doong-kun, Kim Yong-Min, Pan Ming-jong, Bang Eun-jin, Myeong Gye-nam

Des Hommes et des Chiens

Les films de Kim Ki-duk sortant dans le désordre sur les écrans français, on ne s’étonnera donc pas de la sortie tardive de cet Adresse Inconnue. Tourné en 2001 et déjà remarqué par l’ami BSGD en Octobre 2002, le film tient toutes ses promesses, celles d'un drame déchirant d’un pays qui ne se remet pas de la guerre.

La guerre de Corée, Chang-guk ne l’a pas connu, tout comme son père, un G.I. noir reparti aux Etats-Unis. Le jeune métisse vit dans un bus en compagnie de sa mère, une ancienne prostituée et travaille pour le compte de l’amant de celle-ci, Dog Eyes. Il l’aide à gérer sa fourrière canine, principal fournisseur de viande de la région. D’autres personnages gravitent autour de ce quatuor improbable. La jeune Eunok, accidentellement éborgnée par son frère, son amant, un jeune soldat américain ou encore un vieux vétéran de la guerre de Corée. Tous ces personnages forment un maillage insensé où chacun devient à la fois bourreau et victime d’un autre.

On aura en effet beaucoup de mal à reconnaître ici le pays du matin calme. Kim Ki-duk livre ici une vision peu glorieuse de la Corée du sud du début des années 70, un pays ravagé par la guerre et la pauvreté et qui porte déjà en lui les symptômes d’une dictature programmée que des films récents comme Memories of Murder ont su disséquer avec précision. Adresse Inconnue distille une violence inouïe, à la fois morale et physique. Tous les personnages rejettent Chang-guk mais craignent sa force. Le film met à jour différents conflits exacerbés par la guerre et la présence à proximité d’une base de l’armée américaine. L’abattoir de Dog Eyes concentre cette agressivité rampante. La mort des chiens, considérés pourtant comme les meilleurs amis de l’homme en dit long sur la perte de repères qui s’est emparé des personnages.

Pourtant la beauté de Adresse Inconnu n’est pas là. Elle s’accomplit dans la capacité de Kim Ki-duk à dépasser l’animalité de ses personnages pour faire ressurgir leur part d’humanité. Adresse Inconnue enchaîne alors des scènes magnifiques. L’adresse inconnue du titre, c’est celle du père de Chang-guk. Malgré sa farouche opposition, sa mère lui écrit régulièrement avec l’espoir d’obtenir des nouvelles mais les lettres reviennent systématiquement à l’expéditeur. Si Chang-guk frappe sa mère qui écrit ce courrier, il pleure également à la vue de ces lettres, adressées à un père maudit mais dont il attend désespérément un signe, sans doute la plus belle scène de Adresse Inconnue. Décidément, ce très grand film ne ressemble à aucun autre.
J.H.D. 

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