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Avanim de Raphaël Nadjari
Avec : Asi Levi, Uri Gabriel, Florence Bloch, Shaul Mizrahi

Des pierres et des hommes

Le soleil brille sur Tel-Aviv, une journée ordinaire peut commencer. Michale emmène son fils à l’école puis se rend sur son lieu de travail, le cabinet d’expertise comptable de son père. Elle le quitte dans l’après midi pour rejoindre son amant avant de retrouver chez elle, père, fils et mari pour la fin de la journée. Michale est l’héroïne de Avanim, quatrième long métrage de Raphaël Nadjari. Sa vie bascule le jour où cet amant qu’elle attend toujours à la terrasse d’un café ne vient pas, le jour où il meurt dans un attentat suicide…

Remarqué par une trilogie new-yorkaise de films noirs, Raphaël Nadjari se définit volontiers comme un « cinéaste cosmopolite ». Dans Avanim, il porte un regard à la fois critique et tendre sur la communauté juive séfarade de Hatikva, un quartier populaire de Tel Aviv, une communauté dont il se sent proche. Le cinéaste enregistre la chaleur de ses habitants mais aussi les multiples rites religieux qui rythment la vie quotidienne. Questionnement d’un cinéaste sur sa propre identité, Avanim s’interroge également sur la place du fait religieux dans la société israélienne.

Au centre du dispositif, Michale cristallise toutes ces contradictions, celle d’une femme en quête d’émancipation dans un univers régi par les rites religieux. Son père expert comptable aide ainsi certaines communautés religieuses à obtenir des subventions indues en falsifiant leurs comptes. Les élèves d’un rabbin l’empêchent de pénétrer dans une école talmudique la tête découverte. Cet univers qu’elle a pourtant toléré et qui l’a vraisemblablement rendue heureuse, l’asphyxie progressivement. L’attentat sert de révélateur. Dès lors Michale n’a plus qu’une idée en tête, quitter son mari, fuir cet univers pour retrouver un semblant de liberté malgré le prix à payer.

Raphaël Nadjari évite cependant de porter tout jugement hâtif et prend le temps d’observer ce monde dans toute sa complexité, à l’image des pierres qui abondent dans le film. Pierres tombales, pierres du Mur des Lamentations mais aussi des écoles et des maisons, les pierres servent à construire mais aussi à détruire, voire à tuer, témoins d’un monde immuable qu’il nous appartient de faire évoluer.
J.H.D. 

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