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Le Film Décrypté : Punishment Park de Peter Watkins
Avec : Mark Keats, Kent Foreman, Carmen Argenziano, Cathrine Quittner, Scott Turner

J'enterre ton nom

Cinéaste britannique né en 1935, Peter Watkins intègre la prestigieuse BBC au début des années 60 avant d’en être renvoyé en 1966 suite à la diffusion de The War Game, documentaire sur les effets dévastateurs d’une explosion nucléaire au Royaume-Uni. Contraint de s’exiler, il tourne dès lors une poignée de films singuliers et engagés dont ce Punishment Park, réalisé en 1971, sa seule incursion américaine.

A l’époque, la situation au nord Vietnam dégénère progressivement : les victimes civiles et militaires se multiplient, l’opinion commence à s’interroger sur le bien fondé du conflit. Le gouvernement fédéral fait voter le McCarren Act. Ce texte législatif permet d’emprisonner toute personne susceptible de porter atteinte à la sécurité intérieure des Etats-Unis, en particulier des dizaines d’activistes opposés à la guerre. Certains d’entre eux sont jugés devant un tribunal d’exception. Il leur offre une alternative simple à de longues peines d’emprisonnement : traverser le Punishment Park, une zone désertique de Californie on privés d’eau et de nourriture, ils devront atteindre un drapeau américain poursuivis par des unités de la garde nationale…

A sa sortie, le film fait scandale et doit même être retiré de l’affiche à New York. Si l’idée de départ semble tenir du fantasme, Peter Watkins inscrit sa mise en scène entre fiction et documentaire, dans un contexte des plus inquiétant parce que parfaitement banal. Alternant scènes de procès bidons avec course dans le désert, le film évoque avec trente ans d’avance les émissions des télé réalité ou les candidats soumis à une formidable pression psychologique s’éliminent entre eux, sentiment renforcé par l’interprétation des activistes, incarnés par une troupe d’acteurs non professionnels.

La charge politique n’en est que plus virulente. Punishment Park décrit avec une précision glaçante comment une démocratie fragile peut basculer dans le totalitarisme. On s’identifie facilement à ces jeunes gens arrêtes arbitrairement et dont les droits les plus élémentaires sont bafoués malgré les slogans simplistes qu’ils assènent et le manque de didactisme du film. A l’heure où l’administration Bush redonne une certaine réalité au Punishment Park avec son Patriot Act, vous allez trembler pour ces gens ordinaires qui font face à la justice dans le désert.
J.H.D. 

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