sommaire cinéma
@ chroniques de films
articles

Inscrivez-vous à la newsletter PurJus

chroniques cinéma


Le Film Décrypté : Vivre Libre de Jean Renoir
Avec : Charles Laughton, Maureen O’Hara, Georges Sanders, Kent Smith, Walter Slezak

Un cinéaste très (pré)occupé

Fils du peintre Auguste Renoir, Jean Renoir est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands cinéastes de tous les temps, inspirateur de la Nouvelle Vague. Il commence à s’intéresser au septième art dans les années 20 et livre dès la décennie suivante certains de ses plus beaux films, La Grande Illusion (1936) et La Bête Humaine (1938) avant de s’exiler en 1940 aux Etats-Unis.

Jean Renoir y rejoint Hollywood comme en témoigne ce vivre Libre, second et dernier film de sa carrière américaine. Comme nombre de films produits par les majors de l’époque, il s’agit d’une œuvre de propagande. Alors que certains cinéastes comme Capra, mobilisés dans l’armée américaine, tournent des reportages de guerre, d’autres auteurs souvent issus de l’Europe, réalisent des œuvres de fictions exaltant le courage et la résistance face à l’ennemi nazi comme Ernst Lubitsch (To be or not to be) ou Fritz Lang (Les Bourreaux meurent aussi).

C’est le cas de Vivre Libre dont l’action se déroule dans un petit village du centre de la France, bientôt occupé par les troupes allemandes. Albert Lory, un instituteur flanqué d’une mère possessive, aime en secret une de ses collègues, Louise Martin. Lâche et taciturne, il n’ose pas lui avouer ses sentiments et doit supporter les moqueries de ses élèves. Louise et un autre collègue attirent néanmoins son attention sur les réseaux de Résistance auxquels participe activement le frère de Louise. Après plusieurs actes de sabotage, les allemands procèdent à une vague d’arrestation. Albert se retrouve alors emprisonné…

Ce film éminemment politique reçoit un accueil glacial lors de sa sortie en France après la guerre. Jean Renoir dépeint le portrait sans concession d’une France à terre et soumise, du moins dans un premier temps. La scène d’ouverture cadre ainsi la statue d’un soldat de la première guerre mondiale bientôt submergée par les troupes du 3ème Reich. Plus tard dans le film, les professeurs doivent demander à leurs élèves d’arracher les pages interdites de leurs manuels de littérature. La symbolique est forte, elle vise surtout à montrer la face cachée de l’occupant alors qu’une majorité des populations conquises collaborent encore activement au moment où le film se tourne.

Albert prend finalement conscience de ses méthodes quand il assiste depuis sa cellule à l’exécution des otages malgré le démantèlement du réseau de résistants. Son procès, ultime morceau de bravoure du film offre une dernière fois l’occasion de démonter les mécanismes du totalitarisme nazi, sa capacité à ruiner l’idéal de Justice en manipulant la vérité à sa guise, malgré des apparences tout a fait respectables. Dans le rôle de Lory, Charles Laughton apporte une touche d’humanité supplémentaire. Sa révolte sonne la prise de conscience soudaine du sacrifice de ses proches, pierre angulaire de ce beau film injustement méconnu.

J.H.D. 

< autres chroniques



Copyright 2000-2024 PurJus.net - <redac [AT] purjus [POINT] net> [*]
([*] veuillez supprimer les espaces pour former l'adresse mail réelle, merci -
ceci est fait pour lutter contre les collecteurs automatiques d'emails -
anti-spam)