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Code 68 de Jean-Henri Roger
Avec : Judith Cahen, Stanislas Merhar, Gérard Meylan, Ariane Ascaride, Jacno

Sous les pavés… le radotage !

Anne Buridan la bien nommée est une réalisatrice obsessionnelle imaginée par la touche à tout Judith Cahen (La croisade d’Anne Buridan, La révolution sexuelle n’a pas eu lieu), que le cinéaste Jean-Henri Roger (Lulu) a “empruntée” pour les besoins de son film. Nouvelle lubie de la trentenaire obstinée : faire un documentaire sur Mai 68 (attention : mise en abîme !) dans lequel il serait question de l’intime et du politique. Problème : non seulement elle doit affronter les sarcasmes de Blaise, son petit ami, qui vomit les gens ayant participé à cet événement mais elle découvre aussi que Jean-Pierre Lucciani, une figure de cette époque, est le père de Blaise.

Code 68 propose de comparer le regard de la jeune génération (tendance bobo) avec celui des soixante-huitards vieillissants, tout droit sortis de l’imaginaire de Jean-Henri Roger et Judith Cahen, pour nous conduire vers ce message simple: notre histoire ne se construit pas dans celle de autres. Sur le papier, le projet semble séduisant mais, concrètement, le film suit un mouvement involontaire, du laborieux vers le pénible. Code 68 souffre constamment du poids de ses ambitions confronté à la frilosité du traitement de Jean-Henri Roger, débouchant ainsi sur un n’importe quoi général… Documentaire fictionnel ? Fiction semi-documentaire ? Inventaire post soixante-huitard ? Règlement de comptes entre aigris ?

Derrière les extraits de La Chinoise ou de Une chambre en ville servant de caution intellectuelle, rien ne marche, pas même la direction d’acteurs trop hésitante, Judith Cahen, en bon premier rôle, essuie les plâtres. En effet, si le côté buté et casse-pieds de Buridan est bien rendu quand elle on la voit arpenter le macadam parisien avec son sac à dos rouge et son omniprésent costume Mao, la volonté de la rendre plus humaine et féminine dans la deuxième moitié du film est un échec cuisant. Elle reste, comme le film, figée dans un moule de clichés préétablis, appuyés par des effets de mise en scène bidons (heurter constamment les passants pour souligner le choc des idées est vraiment une métaphore des plus scolaires !) conduisant ainsi le récit vers une impasse dans la dernière partie marseillaise avec un triangle amoureux désespérément banal. De cette impression générale de noyade cinématographique émergent Jean-Pierre Kalfon en astrophysicien désabusé et Stanislas Merhar qui, malgré lui, recueille tous les suffrages d’identification quand Blaise, son personnage, fait part à l’héroïne de son sentiment à l’égard de ces soixante-huitards, assimilés à des “vieux cons”. Triste à admettre, mais on le comprendrait presque.
J.F. 

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