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Inside Deep Throat de Fenton Bailey et Randy Barbato
Avec : Un documentaire de Fenton Bailey, Randy Barbato avec Linda Lovelace, Harry Reems, Gerard Damiano

Rayons X

12 Juin 1972. Un petit film érotique tourné par une bande d’amateurs sort discrètement sur les écrans new-yorkais. Il met en scène une jeune femme qui découvre que son clitoris est situé dans sa gorge. Pour la première fois, un film ose montrer des scènes de sexe explicites. Succès retentissant. Mais bientôt, les pouvoirs publics se déchaînent contre l’équipe du film…

Inside Deep Throat relate donc l’histoire édifiante de Gorge Profonde ou comment une simple comédie érotique devient un véritable phénomène de société et un enjeu politique majeur. Il faut dire que le film fut bien aidé par les autorités de l’époque, religieuses comme politiques. Leurs attaques multiples apportèrent au film une publicité inespérée sur fond de libéralisation des mœurs. Surtout Gorge Profonde donnait une image inédite du plaisir féminin. Les femmes pouvaient en quelque sorte enfin se réapproprier leur corps, ce qui ne manqua pas de choquer au pays du puritanisme roi. Le film fut retiré de l’affiche, l’équipe en particulier Harry Reems, assistant de production devenu hardeur par hasard fut traînée devant les tribunaux. Cette plaisanterie loufoque n’était pas du goût de tout le monde.

Fort heureusement, l’équipe du film obtint gain de cause mais Inside Deep Throat ne s’arrête pas à ces quelques péripéties judiciaires. Fenton Bailey et Randy Barbato offrent en effet une étude aussi ludique qu’implacable de l’industrie américaine du X. Avec les années 80, c’est un age d’or et une certaine conception du cinéma érotique qui vont bientôt disparaître. Les films seront toujours plus standardises, les galipettes toujours plus répétitives. Surtout chacun pourra s’essayer à la mise en scène. C’est l’explosion de la vidéo et la mort d’un art qui devient progressivement une industrie.

Une autre ombre plane également sur le documentaire, celle de Linda Lovelace. Sex symbol adulée du public puis vilipendée par les ligues de vertus, l’actrice décédée en avril 20002, se retournera contre l’équipe de film - coupable à ses yeux de l’avoir abusée pendant le tournage - avant de revenir poser en couverture des magazines de charme. Son parcours ambivalent évoqué dans le film vaut mieux que n’importe quel discours. Il illustre à merveille la schizophrénie d’une société qui en dépit des multiples libertés qu’elle offre à chacun, a du mal à assumer la sexualité et ses enjeux.
J.H.D. 

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