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La Nuit de la vérité de Fanta Regina Nacro
Avec : Naky Sy Savane, Commandant Moussa Cissé, Georgette Pare, Adama Ouedraogo

Les Fantômes du Passé

C’est une histoire trop connue en Afrique, celle d’un lointain pays en proie à la guerre civile. Afin de mettre fin au conflit, le président accepte de participer à un banquet de la paix avec les rebelles mais des deux côtés, les souvenirs des exactions passées ne se sont pas dissipés…

Pour son premier film, Fata Regina Nacro aborde un sujet brûlant. Inspiré par la guerre civile rwandaise, La Nuit de la Vérité vise néanmoins une certaine universalité. Rien ne permet de localiser ni le lieu où se déroule l’intrigue ni son époque. La cinéaste se sert même d’un dispositif de mise en scène emprunté au théâtre classique : unité de temps, unité de l’intrigue et quasi-unité de lieu, celui choisi pour célébrer la réconciliation tant attendue entre les Nayaks et les Bonandes.

Tour à tour oppresseur et opprimé, chaque peuple a essayé d’exterminer son vis-à-vis. Le film convoque des images crues de cadavres découpés, fantômes d’un passé qui continue de hanter l’imaginaire collectif des survivants mais aussi les destins individuels. Ainsi, le Colonel Theo, commandant en chef des rebelles ne peut oublier les massacres qu’il a perpétrés, Edna la femme du president garde le terrible souvenir du sourire des assassins de son fils. La Nuit de la Vérité baigne ainsi dans une atmosphère tendue de tragédie antique où le poids du passé menace à chaque instant le fragile équilibre qui réunit de nouveau les deux tribus.

Entre ces deux peuples, il existe toujours une méfiance teintée d’animosité. Pour l’un des personnage Bonande, les Nayaks ne sont ils pas des êtres dangereux, moitié homme, moitié serpent ? Ce type de discours rappelle les appels aux meurtres lancés par les tueurs hutus à l’encontre «des cancrelats tutsis» (lire les très beaux livres de Jean Hatzfeld sur ce sujet). Le langage accentue les antagonistes, mais il permet in fine de rapprocher les peuples par l’usage du français, langue commune héritée des anciens colonisateurs. Ce n’est pas la moindre singularité, ni la seule note d’espoir de cette parabole ambitieuse.
J.H.D. 

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