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Les Bienfaits de la colère de Mike Binder
Avec : Joan Allen, Kevin Costner, Erika Christensen, Evan Rachel Wood, Keri Russel, Alicia Witt, Mike Binder.

Leurs plus belles années ?

Le titre de cette chronique sous forme d’interrogation pourrait être aussi envisagé comme une invitation à changer le titre de ce film, abominable en VF comme en VO, et à revoir par la même occasion l’affiche. Parce qu’écrire Les Bienfaits de la colère en plein milieu sur fond blanc, le prendre en sandwich entre la tête de Joan Allen sur l’épaule de Kevin Costner et quatre jeunes filles alignées en rang d’oignons affichant des sourires Ultra-Brite témoigne d’un goût plus que douteux. Il ne faut pas non plus se laisser décourager par cette histoire de bourgeoise pré quinquagénaire en crise qui, depuis que son mari se serait carapaté avec sa secrétaire suédoise, se laisse ronger par l’aigreur, accepte mal l’émancipation de ses filles, et boit comme un trou avec le voisin Denny, une ex-gloire du base-ball devenue animateur de radio… Ne manque qu’une phrase mielleuse telle que “Mais la vie continue, et les sentiments de chacun vont compliquer l’existence de ces êtres attachants…“ pour faire passer Les Bienfaits de la colère en téléfilm-digestif de début d’après-midi…Mais ce serait compter sans le talent de Joan Allen et quelques petites perles d’humour à froid.

Quand Mike Binder, connu pour être l’auteur de la défunte série “Journal intime d’un homme marié” (l’équivalent masculin de “Sex and the City”), affirme avoir écrit Les Bienfaits de la colère pour Joan Allen, on le croit volontiers tant elle est remarquable d’aisance. Principalement cantonnée aux seconds rôles, Joan Allen accomplit ici une performance assimilable à celle d’un funambule dans le rôle casse-gueule de Terry, femme mûre, blessée dans son orgueil, dirigée par des sentiments contradictoires. Elle pourrait être aussi artificielle que Meryl Streep dans The Hours, elle apporte pourtant une humanité et une drôlerie dans des situations apparemment anodines : elle pousse des jérémiades devant ses filles, alterne le sentiment de perdition avec celui de combativité, passe par la haine pure au point d’encourager une partie de sa progéniture au parricide pour mieux ensuite remplir son verre de vodka. Sur ce point, Kevin Costner, son partenaire de beuverie, confirme son retour tranquille à l’écran depuis Open Range, confirmant un penchant assez délectable pour les losers fatigués de la vie. Son marivaudage nonchalant puis le couple bancal qu’il forme avec Joan Allen sont assez attendrissants et rappellent un peu The Big Lebowski lorsque, suite à leur première rencontre biblique, il s’esclaffe que c’était vraiment mauvais !

Les Bienfaits de la colère est, en revanche, nettement moins à l’aise dans le registre de l’émotion. Le couple vedette s’en sort avec les honneurs, malheureusement les quatre jeunes filles ne sont que décoratives et manquent terriblement de profondeur. Par conséquent, si l’on s’amuse des tribulations de la délurée de service, sortant avec le producteur du talk-show de Denny, vieux dégueulasse attiré par les jeunettes, on ne s’intéresse guère aux soucis de la danseuse en devenir ou aux premiers émois de la cadette. Surtout que dans ces moments là, le compositeur Alexandre Desplat sort ses plus beaux violons pour notre plus grand déplaisir. Reste malgré tout une sympathique comédie permettant à une actrice trop rare de montrer l’étendue de son talent comique notamment dans cette vision fantasmatique: à table, elle regarde longuement le producteur avaler ses cuillerées de soupe avec un bruit de succion intolérable. Soudainement, sa tête explose, tout le monde est couvert de matière grise et hurle de dégoût, Terry, elle, affiche un grand sourire. C’est drôle, méchant. Rien que pour cette scène, Les Bienfaits de la colère mérite le détour !
J.F. 

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