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Land of the Dead de Georges A. Romero
Avec : Simon Baker, Asia Argento, Dennis Hopper, John Leguizamo, Robert Joy, Eugene Clark

Eux et nous

Pas de mauvaise surprise. Pour son grand retour, Georges A. Romero livre un nouveau chef d’œuvre, mélange de pamphlet politique et de film d’horreur parfaitement décomplexé. Land of the Dead poursuit ainsi magistralement ce portrait saisissant de l’Amérique contemporaine, commencé il y a 35 ans avec la Nuit des Morts vivants tout en y ajoutant les particularismes de l’époque, pour entraîner la communauté des hommes toujours plus près de l’abîme.

Paradoxalement, la situation des rescapés de Land of the Dead semble plus confortable que celle du précédent Day of the Dead. Au bunker de ce film, succède une enclave où les humains se sont réfugiés. Comme toujours, une mystérieuse épidémie entraîne le retour à la vie des personnes décédées, devenues de féroces créatures avides de chair fraîche. Les survivants les plus fortunés habitent Fiddler’s Green, une grande tour de verre, les plus démunis et de loin les plus nombreux s’entassent dans le bas-fonds de la ville. Maître incontesté de cette cité, Kaufman emploie des mercenaires pour approvisionner la ville. A bord d’un énorme char, baptisé Dead Reckoning, ils arpentent des zones infestées de zombies assurant le ravitaillement des survivants. Responsable de ces opérations Cholo espère convaincre Kaufman de l’aider à intégrer Fiddler’s Green mais le magnat lui refuse cette faveur. Furieux, le mercenaire s’empare du Dead Reckonong, bien décidé à s’en servir pour détruire la ville. Une menace nettement plus sérieuse plane cependant sur Fiddler’s Green, celle de morts vivants plus évolués, organisés en armée et attirés par les lumières de la ville…

Il aura fallu attendre 20 ans pour que Georges A. Romero donne une suite à sa fameuse trilogie. Autant dire que le cinéaste a eu le temps de mûrir sa réflexion. Si Zombies pointait du doigt les dérives de la société de consommation et Day of The dead le danger de militaires affranchis de tout contrôle, ce nouveau film enregistre les mutations d’une société menacée par le danger terroriste et victime d’un sérieux délire sécuritaire. Surtout, Georges A. Romero décrit la faillite du politique, corrompu et parfaitement démagogique. Dans le rôle de Kaufman, Dennis Hopper surjoue quelque peu sans jamais décrédibiliser le propos.

Chaque film voit ainsi le même constat s’amplifier. L’humanité régresse alors que les morts vivants progressent. A la figure du cobaye Bud de Day of the Dead, succède un inquiétant pompiste, Big Daddy. Sous son commandement, les zombies de Land of the Dead s’organisent, ils acquièrent une conscience minimale qui semble les pousser à se rebeller, le refus de se laisser massacrer comme de vulgaires animaux. Deux scènes illustrent cette idée, la rage de Big Daddy lors de l’incursion du Dead Reckoning du début du film qui ressemble à une expédition punitive et ce plan furtif de cadavres zombifiés utilisés comme cibles sur un stand de tir.

Georges A. Romero rééquilibre progressivement les forces. Les monstres apprennent à se protéger des feux d’artifices éblouissant lancés par les humains, surtout, ils apprennent à traverser les rivières, d’où deux plans mémorables, celui tout d’abord, d’une armée de morts vivants rangés en ligne le long d’un quai puis d’un zombie sortant progressivement du fleuve, prêt à pénétrer dans la ville.

Comme dans Zombies, alors que les humains se disputent de petits privilèges – excepté le trio Slack, Riley et le trop humain Charlie –, la masse des morts vivants submerge et détruit tout sur son passage, renvoyant dos à dos Cholo et Kaufman. Une manière de rappeler cette cruelle évidence formulée déjà par l’un des héros de Zombies – Dawn of the Dead –, et toujours autant d’actualité, « On est tous des Zombies et ça nous tue ».
J.H.D. 

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