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Caché de Michael Haneke
Avec : Daniel Auteuil, Juliette Binoche, Maurice Bénichou, Annie Girardot, Bernard Le Coq, Walid Afkir

Malaise dans la civilisation

Quelque chose ne tourne pas rond dans le dernier film de Michael Haneke, impression renforcée dès les premièrs instants: un plan fixe de deux minutes sur la façade d’une maison comme il en existe des milliers en France, plan à priori banal jusqu’à ce que l’image passe en mode accéléré. Il s’agissait d’une cassette vidéo commentée par un homme et une femme. Le film à peine commencée, le cinéaste autrichien a déjà installé son implacable dispositif de mise en scène puisqu’il devient dorénavant impossible de distinguer le réel du montage vidéo.

Mais revenons aux casettes. Elles sont adressées à la famille de Georges Lautent, célèbre animateur d’une émission littéraire. Un mystérieux inconnu s’amuse à filmer le quotidien de cette famille bourgeoise et sans histoires. Mais la plaisanterie ne fait bientôt plus rire personne et les cassettes accompagnées de dessins orbides ou de coups de téléphone anonymes agressifs deviennent de plus en plus menaçantes. Ce malaise sert de moteur à un très bel exercice de style doublé d’une habile réflexion sur les rapports nord-sud. Lentement, le poids du passé et la culpabilité saisissent Georges Laurent, modifiant son comportement. Il perd son calme dans la rue, il ne dit pas tout à sa femme.

A l’évidence, Michael Haneke s’amuse avec cette figure d’homme de gauche dont les conviction vacillent dès que son petit confort bourgeois semble menacé. Surtout il ne contrôle plus son image comme dans cette scène anodine où il modifie le montage d’une émission consacrée à Rimbaud au profit des pasages les plus croustillants de la vie du poète. En filmant son quotidien, le maître chanteur dévoile cette double imposture allant jusqu’à menacer la propre carrière de l’animateur. La mise en scène intelligente questionne sans arrêt par le jeu des images la responabilité du héros et donc la nôtre. Chez Haneke, le quotidien le plus banal se transforme en cauchemar, constat implacable d’un film peut être un peu trop moralisateur, miroir d’un monde dominé par les injustices et les faux semblants.
J.H.D. 

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