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J'ai vu tuer Ben Barka de Serge Le Péron
Avec : Charles Berling, Simon Abkarian, Josiane Balasko, Jean-Pierre Léaud

Rares sont les films français à examiner l’histoire contemporaine du pays et son passé colonial. On ne peut donc que saluer l’initiative de Serge Le Péron de s’intéresser à l’une des pages les plus sombres de l’espionnage français, l’enlèvement en plein Paris de l’opposant marocain Medhi Ben Barka en octobre 1965.

Pour raconter cet épisode tragique, Serge Le Péron articule le film autour d’une intrigue vaguement policière et adopte le point de vue de Georges Figon, un escroc minable au passé douteux. Se faisant passer pour un producteur de cinéma, il attire Ben Barka à Paris avec la promesse d’un film sur la colonisation écrit par Marguerite Duras et tourné par Georges Franju. Réticent puis enthousiaste, l’opposant marocain accepte de rencontrer les intellectuels français sans se douter du piège qui lui est tendu avec la complicité des autorités…

A partir de cet aspect méconnu de l’affaire, Serge Le Péron trouve un contrepoint intéressant mais son film manque de réalisme à cause de nombreuses approximations. Ainsi dans les rôles de Duras et Franju, Jean-Pierre Léaud et Josiane Balasko ressemblent plus à des caricatures. La reconstitution de Paris n’est pas toujours crédible : au détour d’une ballade nocturne sur les quais de Seine, la cathédrale Notre Dame se pare des éclairages de notre époque.

Mais c’est surtout les approximations historiques qui embarrassent le plus. Alors que l’instruction suit son cours - 40 après ! -, Serge Le Péron nous assène sa vérité sans aucune précaution. Ben Barka aurait été enlevé puis torturé par la sûreté marocaine avec la complicité des français sur ordre des services secrets américains soucieux de se débarrasser d’une figure gênante, ami de Fidel Castro et champion de la décolonisation. Faute impardonnable en pleine guerre froide. Sans aucune recul avec son sujet, Serge Le Péron se contente de soulever des hypothèses fumeuses dans l’air du temps et sans la moindre preuve. La forme chaotique du récit achève ce film bancal qui n’est pas sans rappeler le cinéma « à sensation » de Oliver Stone.
J.H.D. 

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