chroniques cinéma
La Mort de Dante Lazarescu de Cristi Puiu |
Avec : Ion Fiscuteanu, Luminta Gheorhiu, Gabriel Spahiu |
J’irai au Paradis car l’Enfer est ici Dante Remus Lazarescu habite seul avec ses chats, dans un vieil appartement miteux de la banlieue de Bucarest qu’il ne quitte jamais, passant ses journées à boire, assis devant la télévision. Surtout, il n’a plus de contact avec sa famille depuis qu’il s’est fâché avec sa fille partie tenter sa chance aux Etats-Unis. Sa sœur quant à elle, installée en province lui rend rarement visite. Un soir, le vieil homme est pris de vertiges. Il ressent un violent mal de tête, souffre de récurrents maux d’estomac et vomit le peu de nourriture qu’il arrive à ingurgiter. Inquiet, il appelle les urgences mais l’ambulance ne vient pas. Il alerte alors ses voisins mais son état continue de se détériorer. Dante Lazarescu est évidemment condamné même s’il ne s’en rend pas compte tout de suite. La faute à un système d’exclusion, la solitude moderne. A cet égard, le dispositif, caméra à l’épaule est sidérant de réalisme. Chez lui ou même accompagné d’une infirmière dévouée Mina, le vieil homme reste invariablement seul. Sa voisine ne supporte plus ses chats, les médecins l’ignorent ou le méprisent. Aucun misérabilisme pourtant dans ce portrait à la fois désinvolte et tragique d’une Roumanie qui essaie de se relever après cinquante ans de Communisme à l’image de ce personnel médical qui manque cruellement de moyens. Il fut dire que Dante Lazarescu a mal choisi son jour : un énorme carambolage engorge tous les hôpitaux de la région. Cet humour décalé ne quitte jamais le film et offre un contrepoint intéressant avec la description quasi documentaire du système hospitalier roumain. La désincarnation des différentes cliniques et hôpitaux tranche avec l’humanité dégagée par Monsnieur Lazarescu. En effet, alors que sa condition se dégrade, le personnage acquiert une humanité insoupçonnée même réduit au silence, une fois tombé dans un coma inévitable. Le final est sans appel, Dante va mourir mais seul sur sa table endormi et habillé d’une simple blouse, ce n’est plus un homme mais un saint que la caméra observe, une figure émouvante que l’on oubliera jamais. J.H.D.
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