chroniques cinéma
Truman Capote de Bennett Miller |
Avec : Philip Seymour Hoffman, Catherine Keener, Clifton Collins Jr., Chris Cooper, Bruce Greenwood |
Ecrits et châtiments Quand le film de Bennett Miller débute en 1959, Truman Capote cherche le sujet de son prochain roman. Auteur de renommée internationale, il a travaillé sur le scénario de films de John Huston ou Vittorio da Sica, vient de publier Breakfeast at Tiffany’s et hante les soirées mondaines new-yorkaises où ses bons mots font souvent mouche. Un fait divers particulièrement tragique attire néanmoins son attention : le massacre d’une riche famille de fermiers à Holcomb, petite ville du Kansas. Fasciné par ce crime, le romancier se rend sur place en compagnie d’une amie d’enfance, Nelle Harper Lee. Malgré sa posture hautaine et son impertinence, il gagne rapidement la confiance des habitants, en particulier du responsable local de l’enquête Alvin Dewey. Il rentre ainsi en contact avec Perry Smith et Dick Hickock, les deux assassins et commence à recueillir leurs confidences… Le film de Bennett Miller se démarque habilement de la nouvelle vague de biopics hollywoodiens. Plutôt que d’embrasser la vie de l’écrivain dans son ensemble, le cinéaste se concentre sur quelques années décisives qui nous permettent par le simple jeu de la mise en scène et de l’interprétation d’appréhender la personnalité de Truman Capote. Dans le rôle titre, Philip Seymour Hoffman donne parfois l’impression de surjouer. Pourtant derrière ses manteaux de fourrure et son parler snob, se cache une figure narcissique pas toujours sympathique. Ainsi lors de la première consacrée à la sortie de l’adaptation cinéma du roman de son amie Lee, (To kill a mockingbird), il fait mine de s’ennuyer et s’isole obsédé par l’écriture de son nouveau livre. Il s’agit du moteur du film qui reconstitue avec une réelle minutie le travail de l’écrivain pour s’approprier le récit du crime. Persuadé que la réalité peut parfois s’avérer plus déstabilisante que la fiction, Truman Capote noue ainsi une amitié ambiguë avec Perry l’un des deux meurtriers. Ils ont en commun une certaine marginalité. Mais si l’écrivain cherche à aider les voyous en leur assurant les services d’un meilleur avocat, c’est uniquement pour se donner le temps de recueillir leur témoignage, pierre angulaire de son chef d’œuvre De Sang-froid. L’écrivain vampirise son sujet allant jusqu’à laisser mourir Perry pour pouvoir achever et publier le roman car la seule issue possible du drame est l’exécution des assassins. De Sang-froid connaîtra ainsi un succès inespéré avec près de 8 millions d’exemplaires vendus mais le crime de Truman Capote ne restera pas impuni : il ne pourra plus jamais terminer le moindre roman. J.H.D.
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