chroniques cinéma
The Great Ecstasy of Robert Carmichael de Thomas Clay |
Avec : Daniel Spencer, Ryan Winsley, Charles Mnene |
Certains films durent dix minutes de trop. C’est le cas du premier long métrage de Thomas Clay, un jeune britannique de 26 ans. Ainsi The Great Ecstay of Carmichael aura donc fait illusion 80 minutes. Le film décrit le morne quotidien des habitants d’une petite ville côtière du nord de l’Angleterre illustrée surtout à travers le mal être d’une bande de jeunes désœuvrés. Parmi eux, Robert Carmichael, élève brillant, remarqué par ses professeurs. Il joue du violoncelle dans l’orchestre de l’école. Mais son existence manque de perspectives et l’adolescent traîne avec des petites frappes passant leur temps à consommer toute sorte de drogue. Avant de sombrer dans la violence… Thomas Clay dresse le portrait sans concession d’une Angleterre en pleine déliquescence, entre faillite des adultes, racisme latent et chômage endémique. Le film multiplie les références à la guerre en Irak, dénoncée comme une forme de violence qui s’insinue dans la société britannique. Malgré ce sombre arrière plan, le film reste pourtant assez sobre jusqu’à l’explosion finale et ce malgré l’accumulation de plans millimétrés et la musique obsédante. Malheureusement tout s’effondre dès que Thomas essaie bêtement de singer Orange Mécanique. Chez Kubrick, la séquence du viol n’était pas une fin en soi : il y avait bien une heure de film derrière et une réflexion politique que l’on pouvait discuter. The Great Ecstay of Carmichael impose au contraire un néant absolu, une performance dont la sauvagerie n’a d’égal que la vacuité. Cette scène énerve d’autant plus qu’elle reprend certains éléments du film dans le but de se justifier : le poisson acheté par le bourgeois, la femme que le père du héros essaie de draguer au supermarché. Le film étale alors sa noirceur totale : les filles sont toutes des salopes, les riches des profiteurs qui n’ont que ce qu’ils méritent. Le nihilisme de Thomas Clay se retourne contre lui. Révolté par la violence, le spectateur ne souhaite plus que la mort de ces jeunes assassins qui de toute manière mènent une existence misérable. D’où deux interprétations possibles : ou bien Thomas Clay a essayé de nous interpeller et il s’est royalement planté, ou bien il livre un film tout bonnement fascisant. Dans les deux cas, il ne faut surtout pas aller voir le film. J.H.D.
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