chroniques littéraires
Un tramway nommé désir de Tennessee Williams, 10/18 |
Le désir dans la peau Héritière d’une grande famille de l’aristocratie du Sud, Blanche rejoint sa sœur Stella à La Nouvelle Orléans. Elle lui annonce la perte du domaine familial cribblé de dettes. Stella en était partie pour épouser Stanley Kowalsky, un immigré polonais dont elle était tombé amoureuse. Les retrouvailles avec sa sœur se déroulent d’ailleurs dans un climat glacial. Perturbée par les évènements, Blanche supporte difficilement la moiteur de La Nouvelle Orléans et les brimades de son beau frère, un rustre vulgaire et arrogant. Cet ouvrier se montre en effet d’emblée agressif envers Blanche dont il juge l’attitude douteuse. Quand un de ses amis, Mitch s’intéresse à elle, il diligente une enquête sur son passé. Cette célèbre pièce valut à Tennessee Williams une renommée internationale accentuée par l’adaptation cinématographique de Elia Kazan avec Vivian Leigh et Marlon Brondo. A l’image de nombreuses pièces du dramaturge américain, il s’agit d’une expérience limite dans la mesure où l’intrigue repose sur la force brute des émotions humaines, les non dits et les sentiments refoulés. Le texte distille ainsi une tension palpable jusqu’à l’explosion finale. Les personnages principaux incarnent chacun une idée simple de l’humanité. Stanley utilise sa force et son aggresivité pour parvenir à ses fins, sa femme Stella ne supporte pas ces abus mais les accepte par amour et sa sœur Blanche, désespérée par un première liaison tragique cherche l’amour qui pourra la reconstruire. La pièce développe ces thèmes, auxquels Tennessee Willimans ajoute une réflexion sur le désir - sous toute ses formes - et la pureté. C’est d’ailleurs sur un célèbre « Vous n’êtes pas assez pur pour que je vous montre à ma mère » que Mitch abandonne Blanche, une manière pour l’auteur de fustiger le puritanisme rampant de l’époque. Un texte très fort qu’il faut peut être (re)découvrir sur scène pour en saisir toute l’intensité. Editions 10/18 (Domaine Etranger), 280 pages, 6.70 euros, suivi de Portrait d'une madone J.H.D.
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