chroniques littéraires
Plateforme de Michel Houellebecq, Flammarion |
L’événement de la rentrée littéraire. Il s’agit du livre qui fait le plus parler de lui. D’ordinaire, cela ne constitue pas un gage de qualité (voir le navrant dernier ouvrage de Catherine Millet…) mais une seule conclusion s’impose après la lecture de ces 370 pages : même s’il ne s’agit pas d’un chef d’œuvre indiscutable, force est de constater que Plateforme fera date dans la littérature française. Dans son troisième roman, Houellebecq s’attache à décrire le parcours de Michel, un modeste fonctionnaire du ministère de la culture qui soigne sa frustration intérieure en pratiquant le tourisme sexuel. Au cours d’un séjour en Thaïlande, il rencontre Valérie, jeune cadre dynamique de Nouvelles Frontières qui ne tarde pas à s’imposer à ses yeux comme la femme de sa vie. Le couple monte alors un nouveau concept de villages de vacances, uniquement basées sur les activités sexuelles dont le succès sera immédiat. Mais c’est sans compter sur l’hostilité de fondamentalistes musulmans… Une véritable histoire d’amour Dès le départ, Plateforme interpelle. Brouillant volontairement les frontières entre réalité et fiction (le narrateur se nomme Michel), Houellebecq dresse, à travers les vacances de français moyens, le bilan peut reluisant de sociétés occidentales déshumanisées. Le propos est souvent outrancier (le guide du routard traité de « connard humanitaire protestant »), mais reste avant tout lucide. Surtout, le lecteur y perçoit la puissance d’une imagerie qui rend tout à fait naturelles et réjouissantes les pires banalités. A cette très facile première partie, succède un développement plus romanesque où à travers le personnage de Valérie, le narrateur va découvrir le véritable amour, celui qu’il cherchait sans succès auprès des jeunes prostituées thaïes. C’est pourquoi, Michel ira mourir, seul sur les plages de Pataya, après la mort tragique de sa bien-aimée, un dénouement poignant (tant la détresse du héros y est admirablement rendue), et plutôt inattendu de la part d’un auteur si provocateur. C’est évidemment sur ce dernier point que notre enthousiasme doit être nuancé. Si on peut adhérer à cette vision globale du monde, uniquement dirigée par les flux nord-sud, il n’en est pas de même des préjugés racistes envers les musulmans, mêmer s’ils restent exprimés par des personnages de fiction. Plateforme n’a pas besoin d’une telle publicité. Elle porte autant de discrédit à une magnifique histoire d’amour qu’il faut absolument lire pour ne pas mourir idiot… Flammarion 370 pages, 131.20 francs J.H.D.
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