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L'Innocent de Ian McEwan, Gallimard
 

Initiation

Leonard Marnham n’a jamais connu la guerre ni touché une femme. Ingénieur des télécommunications, il quitte son petit village du pays de Galles pour Berlin au plus fort de la guerre froide en 1955. Il rejoint le projet Gold, folle entreprise de construction d’un tunnel souterrain dans Berlin-est dans le but de mettre sur écoute l’ensemble des lignes téléphoniques soviétiques.

Il n’en faut guère plus pour permettre à Ian McEwan de signer un roman d’espionnage au réalisme impitoyable. La vie de Leonard change en effet radicalement le jour où il fait la rencontre de Maria, employée comme dactylo dans un atelier mécanique. Elle devient rapidement son amie, sa confidente puis son amante, un amour sincère mais menacé par le poids de la guerre que se livrent en coulisses alliés et russes.

Ainsi le jour de ses fiançailles, Leonard se fait sermonné par son voisin Blake. Il doit protéger la confidentialité de ses activités. Impossible d’échapper à la guerre. Devenu contre son gré quelqu’un qui écoute aux portes, Leonard se tient sur ses gardes, ses supérieurs pouvant se révéler des espions à la solde des russes, en particulier Glass qu’il soupçonne en outre d’être l’amant de Maria.

Le contexte historique s’immisce progressivement dans l’intimité du couple semblable à ces figures doubles de Leonard que le héros voit s’avancer dans sa pensée et auxquelles il ne peut résister. Allemagne, ennemie, vaincue, le jeune homme se donne tous les droits, il brutalise Maria qui se remet difficilement d’un premier mariage raté avec un certain Otto. Son fantôme plane sur le couple aussi sûrement que le spectre de la guerre.

Dans ce contexte, Ian McEwan se déchaîne, livrant un récit minutieux, reprenant de nombreux détails historiques, porté par un sens du suspens sans commune mesure. L’épisode où Leonard transporte sa valise à travers la ville en fournit l’illustration parfaite. La tension monte crescendo, le personnage est trop vulnérable pour ce monde cynique qui bascule jour après jour dans une guerre qui bien qu’invisible broie systématiquement les hommes.

Editions Gallimard (Folio), 392 pages, 6.60 €
J.H.D. 

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