chroniques littéraires
Rencontre avec Marc Dugain de J.H.D. |
Salon du Livre 2007. Marc Dugain dédicace son dernier roman, Une Exécution ordinaire sur le stand Gallimard, occasion rêvée pour parler du livre, de son écriture et des projets de l’auteur Purjus : Bonjour Marc Dugain Marc Dugain : Bonjour P : Je vous remercie de nou avoir accordé un petit peu de temps pour parler de votre dernier livre, Une Exécution ordinaire. Première question assez rituelle, pouvez vous vous présenter en quelques mots ? MD : C’est ce qu’il y a de plus difficile en fait ! Je suis écrivain, scénariste, bientôt réalisateur de films. C’est mon cinquième roman et j’ai 49 ans, voilà ce que je peux dire sur moi vite fait P : Après la première guerre mondiale, après la seconde guerre mondiale et la CIA, vous vous êtes de nouveau intéressés à un évènement historique et à l’histoire de la Russie. Qu’est ce qui vous a intéressé ? Quel est le point de départ du livre ? Parler de la tragédie du Koursk ou parler de la Russie en général ? MD : Non. Le Koursk, je ne dirais pas que c’était secondaire, c’était en toile de fond. C’était surtout pour parler de la Russie et du mépris de la vie humaine qu’ont les dirigeants russes et qui est une constante de l’histoire russe. L’histoire du Koursk a servi pour appuyer ma thèse mais ce n’était pas l’événement essentiel du livre en fait. P : Donc dès le départ, il était question de parler de Staline et de l’officier Plotov ? MD : Oui, ça me permettait de parler de la filiation entre Staline et Poutine qui aujourd’hui est reconnue même par des russes comme Vladimir Federovski, des gens comme lui en qui j’ai toute confiance. Je crois que la thèse est assez partagée, à savoir que Poutine est vraiment l’héritier de Staline quelque part. P : Pourquoi, avez vous choisi de ne pas nommer ni le Koursk ni Poutine ? MD : Parce que dès le moment qu’on est dans un roman, il y a une subjectivité, cette subjectivité s’appliquant à des personnes encore en vie, je trouve que c’est un peu difficile de les nommer directement. P : Revenons à l’écriture du livre. Vous êtes vous rendus sur place ? MD : Oui. Je suis resté longtemps à Mourmansk et ai passé pas mal de temps dans un sous marin aussi. P : Vous êtes vous inspirés de personnages réels ? MD : Non. J’ai inventé ce qui me paraissait être des personnages qui correspondaient à la tragédie. P : Parce qu’à un moment, je me suis demandé si vous n’étiez pas ce journaliste que présente Anna à ses proches. MD : J’étais un peu lui. J’étais un peu le père Pavel. J’étais un peu tout le monde et personne à la fois comme d’habitude… sauf les femmes bien sûr, c’est un peu difficile ! P : Comment vous y êtes vous pris pour décrire la tragédie en elle même, c’est à dire l’accident du Koursk ? MD : J’avais obtenu pas mal d’informations par la marine française donc j’ai reconstitué comme cela et étant moi même dans le sous-marin, cela m’a permis de faire le lien. P : Quelle est votre opinion sur les causes du drame ? MD : Je crois que c’est une vieille torpille dont le carburant était assez volatile qui a explosé et qui a crée le choc à l’avant du sous-marin. P : Quand on lit le livre, on a vraiment l’impression que vous portez un regard très critique sur la Russie. Qu’est ce que vous pensez de la situation politique en Russie ? A votre avis, dans quel sens, cela va-t il évoluer ? MD : J’aime beaucoup les russes. Je trouve que c’est une culture extraordinaire. Sur le plan musical, sur le plan artistique, je trouve que c’est vraiment une très très grande civilisation. Evidemment, j’ai un regard assez dur sur le fait qu’on n’arrive pas à régler le problème de la démocratie et je n’ai pas l’impression que cela va s’arranger dans les mois qui viennent. P : Deux dernières questions. Sur l’actualité récente, est ce qu’il y a un film ou un livre qui vous a marqué ces derniers mois ? MD : Oui. Le meilleur film que j’ai vu récemment c’est La Vie des Autres. D’ailleurs comme c’est moi qui vais probablement réaliser le film tiré d’Une Exécution ordinaire, j’ai eu l’impression de voir un film du même genre. P : C’est une histoire que vous auriez aimé écrire ? MD : Oui, c’est à la fois un film que j’aurai aimé réaliser et un livre que j’aurais aimé écrire. C’est magnifique. P : Et par rapport à vos projets ? Vous parlez de réaliser des films ? MD : Oui. J’ai beaucoup de projets: un gros projet pour le cinéma, j’en ai un pour la télévision, et j’ai des livres en préparation. J’ai pas mal d’occupations à venir. P : Pour le cinéma, c’est l’adaptation du roman Une Exécution Ordinaire ? MD : Oui. C’est l’adaptation et la réalisation. P : Y a t il une date de sortie prévue ? MD : Je ne sais pas. Pour l’instant, nous sommes en train de démarrer la production. P : Merci. Paris, Salon du Livre, Mars 2007 Retrouvez Marc Dugain sur www.purjus.net: - Une Exécution ordinaire, Editions Gallimard, 349 pages, 19.90 euros, (chronique dans notre édition de avril 2007) - Heureux comme Dieu en France, Editions Gallimard, 203 pages, 15.50 euros, (chronique dans notre édition de décembre 2002) J.H.D.
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