chroniques littéraires
Pour le meilleur et pour l'Empire de John Hawes, Editions de l'Olivier |
Un autre pays Les anglais ne manquent pas d’imagination. Ainsi, Brian Marley, héros bien malgré lui de ce roman délirant de John Hawes s’est laissé convaincre de participer à un tout nouveau jeu de téléréalité. Les concurrents d’Une Jungle d’enfer doivent survivre le plus longtemps possible, lâchés dans la nature sur une île de Papouasie Nouvelle Guinée particulièrement hostile. Victimes d’épidémies les plus diverses ou d’animaux dangereux, les candidats abandonnent les uns après les autres. Tous sauf Marley, bien décidé à empocher la cagnotte promise au vainqueur. Professeur d’anglais à Oxford, divorcé, père d’un petit garçon, il aimerait bien changer de vie. Alors qu’il se rapproche de la victoire, il s’effondre dans la jungle, terrassé par la fatigue et … une balle de cricket ! Une balle de cricket en pleine jungle ? Pourquoi pas ! Dans la pure tradition britannique héritée du Monthy Python Flying Circus, rien n’a de sens et pourtant le récit fascine. Moraliste, John Hawes s’interroge sur l’avenir de l’Angleterre dans le monde globalisé qui s’est ouvert à la fin de la guerre froide. Adoptant le ton de la satyre, il dresse le portrait sans éclat d’un pays déclinant : les jeunes désoeuvrés ne savent plus correctement parler l’anglais, il y a deux fois plus de téléspectateurs pour suivre un jeu télé débile que d’électeurs qui se rendent aux urnes. De toute manière, les hommes politiques méprisent les électeurs. La charge contre le New Labour et ses compromissions donne les passages les plus drôles. Ainsi personne ne croit Marley quand il affirme que les Travaillistes ne sont plus socialistes ou qu’ils détestent désormais les syndicats… Deux Angleterres se font face ici. L’une représentée par Marley s’est laissée gagner par la lassitude et la peur de l’avenir, consciente de son déclin. L’autre, celle du Directeur n’aspire qu’à se retrousser les manches et se pose en digne héritier du royaume gouverné à l’époque par Churchill. Elle n’hésite pourtant pas à afficher un certain populisme qui fait plus rêver les citoyens que les émissions de Channel 7. Triste spectacle. John Hawes aime trop son pays, son histoire pour le voir s’effacer du devant de l’Histoire. Son humour ravageur ne vise pas à restaurer la grandeur perdue de l’Empire mais à amener ses compatriotes à s’interroger sur le monde dans lequel ils vivent par le biais de ce roman porté par une plume jubilatoire. Editions de L'Olivier, 353 pages, 20 euros J.H.D.
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