chroniques littéraires
La Route de Cormack McCarthy, Editions de l'Olivier |
La Fin du Monde Le monde que nous connaissons n’existe plus. Une pluie de cendres recouvre le ciel et bouche l’horizon. Au loin, des terres brûlées, les restes de maisons incendiées. Après l’Apocalypse, un homme et son jeune fils marchent vers le Sud. Ils poussent un chariot où ils entassent toute sorte de biens utiles à leur survie. Sur la route, ils croisent quelques survivants dont il faut sans cesse se méfier dans ce monde revenu à l’état sauvage… Cormack McCarthy signe ici un roman minimaliste mais d’une incroyable intensité. Rien n’a survécu et pourtant, l’auteur se donne la peine de composer de vastes tableaux de paysages annihilés qui ne se ressemblent pourtant jamais. Il invente un monde à la fois proche de nous (La Route est un élément mythique de la culture américaine depuis la conquête de l’Ouest et plus récemment depuis Jack Kerouac et la Beat Generation) et inquiétant car il recèle de multiples dangers. En quelque sorte, Cormack McCarthy met en scène le fantôme d’un rêve américain fossoyé. Ici, la route ne mène nulle part, éventuellement à une épave ou à un littoral aussi dévasté que les terres. L’écriture sèche se focalise sur la relation entre le père et son enfant. De simples gestes traduisent l’amour paternel ou la reconnaissance du fils avec une rare émotion. Ainsi le père avoue qu’il ne pourrait pas continuer sa route si son fils venait à mourir. L’humanité décrite par Cormack McCarthy n’est pas uniquement confrontée à sa propre destruction. Elle s’interroge constamment sur son désir de vivre dans un univers cauchemardesque où les hommes se dévorent entre eux et où les nourrissons finissent sur un brasier, autant de visions qui accentuent la complicité de l’homme et de l’enfant. Il cherche à le préserver de l’horreur mais n’y parvient pas. Malgré les dangers, le petit continue à afficher sa générosité envers les rares rescapés rencontrés sur la route. C’est la seule note positive du livre. Alors que les hommes s’entretuent, l’Humanité ne s’est pas laissée totalement emporter par le chaos et la barbarie. Editions de l'Olivier, 244 pages, 21 euros, Prix Pultizer 2007 J.H.D.
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