chroniques littéraires
L'Archange et le Procureur de Christophe Bigot, Gallimard |
Une Histoire d’amour et de mort Paris 1825. Anne Duplessis reçoit la lettre tant redoutée. Horace son petit fils lui réclame la vérité. Quel homme était son père ? Ses parents s’aiment ils ? Pour quelles causes ont-ils donné leur vie ? Ces questions font ressurgir le pectre d’un terrible drame familial qui se confond avec les heures les plus sombres de la Révolution Française… Ce père qui n’a pas vu son fils grandir se nomme Camille Desmoulins et à travers son portrait, Christophe Bigot revisite l’une des périodes les plus passionnantes de l’histoire de France. L’Archange et le Procureur raconte en détail le destin d’une poignée de figures de la Révolution Française, porte étendards d’un monde nouveau, broyés sur l’autel de la raison d’état et de la fièvre révolutionnaire. Le roman montre précisément comment les idéaux de1789 cèdent la place à un régime autoritaire puis meurtrier. Appartenant à la bourgeoisie (donc au tiers état), les Duplessis accueillent la Révolution avec méfiance avant de rallier ses idéaux et d’accepter le mariage de leur aînée avec l’une de ses plus illustres figures. La condamnation à mort du roi Louis XVI puis l’instigation de la Terreur auront raison de leurs espoirs. L’Europe part en guerre contre une République exsangue qui met en place des mesures d’exception sur la pression des sans culottes et des comités toujours plus enragés. Les hommes politiques se disputent le pouvoir dans des joutes oratoires parfois violentes où apparaissent des positions irréconciliables car pour certains la Révolution doit être défendue coûte que coûte. Etrangement, le titre du roman ne renvoie pas à Desmoulins mais à la figure de Saint Just, jeune et audacieux compagnon de Robespierre. L’homme d’une grande beauté s’est illustré par sa ferveur révolutionnaire impitoyable, véritable bras armé de la Terreur, condamnant sans équivoque les plus tièdes à l’échafaud. Dans le roman de Christophe Bigot, il incarne les contradictions de la Révolution, une jeunesse brillante vouée à la mort mais également les luttes d’influences qui ont lieu en coulisses. Son assurance met en relief la faiblesse de caractère de Camille Desmoulins. Lucide, Anne Duplessis évoque le besoin d’être aimé de son gendre, la recherche d’amitiés vaines, notamment celle de Dillon. En quelques mots, le drame de ces hommes qui bien ou mal ne savaient peut être pas même ce qu’aimer signifie. La langue remarquable de Christophe Bigot donne l’impression saisissante de revivre certaines scènes. Mais au-delà du souffle historique, l’auteur a réussi à s’affranchir des icônes révolutionnaires pour en extraire la part d’humanité et la grandeur et signer un roman passionnant de la première à la dernière ligne. Editions Gallimard, 283 pages, 17.5 euros J.H.D.
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